Trois mois après le démarrage de la mine de lithium Bougouni au Mali, aucun permis d’exportation n’a encore été délivré. Kodal Minerals, opérateur du site, s’est retrouvé dans un tourbillon médiatique ces derniers jours, après une interview de son directeur général.
En se plaignant dans la presse de l’impossibilité d’exporter la production de sa mine de lithium au Mali, le directeur général de Kodal Minerals s’attendait-il à ce remue-ménage ? Difficile à dire. Mais dès le lundi 19 mai, la compagnie minière britannique, opératrice de la deuxième mine de lithium du pays, publiait un communiqué pour calmer le jeu, assurant entretenir de bonnes relations avec l’État malien.
Cette mise au point intervient après un article de Reuters, publié le jeudi 15 mai, dans lequel Bernard Aylward (photo) évoquait les difficultés d’exportation. « Nous dépensons de l’argent pour fabriquer un produit que nous voulons vendre […]. Notre acheteur veut l’acheter, mais nous ne pouvons pas l’exporter », explique-t-il dans l’interview.
Reprise dans plusieurs médias ouest-africains et internationaux, l’information sur ce « blocage » a provoqué une chute du titre Kodal à la Bourse de Londres. L’action est tombée à 0,31 GBX (0,0031 livre sterling) le vendredi 16 mai, son plus bas niveau en six mois. Dès le lendemain, Kodal réagit avec deux messages publiés sur X (anciennement Twitter) pour rassurer ses actionnaires et réaffirmer la solidité de ses liens avec les autorités maliennes.
Lundi, l’entreprise diffuse un communiqué plus officiel, dans lequel elle affirme qu’elle « continue d’entretenir des relations positives avec le gouvernement malien […] et il est reconnu qu’il est dans l’intérêt des parties de commencer les exportations de concentré de spodumène dès que possible ». Des interrogations subsistent cependant sur les raisons qui ont poussé M. Aylward à s’exprimer publiquement, alors que le processus vers le lancement des exportations semblait engagé.
Des exportations réellement bloquées ?
Kodal a mis en service Bougouni en février. Mais le 4 avril, la compagnie explique que des « retards indépendants de sa volonté » empêchent encore le transfert du permis minier à sa nouvelle filiale malienne, une étape préalable à la délivrance du permis d’exportation. Ce transfert a finalement été validé en Conseil des ministres le 16 avril, et la compagnie s’en est félicitée dès le lendemain. Dans sa récente sortie médiatique, M. Aylward évoque une nouvelle difficulté.
Selon le dirigeant, le gouvernement malien examine actuellement le mécanisme de fixation des prix pour s’assurer que le concentré de spodumène produit à Bougouni est vendu aux prix du marché. Une inquiétude compréhensible, puisque l’acheteur de la production n’est autre que… le partenaire chinois de Kodal, Hainan Mining, majoritaire dans la coentreprise qui exploite la mine. Mais le directeur général de Kodal indique aussi que sa compagnie n’est pas seule dans le cas, sous-entendant ainsi que la première mine de lithium du Mali, Goulamina, est aussi concernée. Rien ne confirme toutefois cette situation.
Si cet épisode d’imbroglio médiatique semble désormais se refermer, avec le cours de l’action Kodal qui a clôturé à 0,32 GBX, lundi, les incertitudes demeurent donc quant aux exportations de lithium depuis Bougouni. La compagnie accumule actuellement 27 000 tonnes de concentré de spodumène sur le site et ne donne pas de calendrier pour le début des expéditions.
Ecofin