Coups d’etat a la malgache : Mode d’emploi

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Pour obtenir la chute de Marc Ravalomana, Andry arton1486Rajoelina, allias Andry Tgv, a usé d’une stratégie bien connue des malgaches : les manifestations monstres parties d’abord de la  place du 13 mai, «épicentre des séisme malgaches». Sous le grondement d’une rue qui, des mois durant, demande sans se lasser le départ du «despote», Ravalomanana se défend en ordonnant de tirer sur les manifestants. Pour finir, il va tomber.

Au cours de l’opération, l’armée qui, affiche au premier coup une attitude équivoque, ne tarde pas à dévoiler ses intentions. Elle passe du silence approbateur à un soutien très actif aux contestataires. Une fois que la mayonnaise a pris, elle reprend place dans l’ombre et laisse le soin à la Cour constitutionnelle d’assurer l’intronisation du tombeur de Ravalo. On parle d’un  «mélange de mutinerie et de soulèvement populaire». Le chef des opérations est l’ancien maire de la capitale, Andry Rajoelina âgé à peine de 34 ans.     

Marc Ravalomana était aussi maire lorsqu’il se lançait en 2001 à l’assaut de «l’amiral rouge», Didier Rastiraka, revenu au pouvoir en 1997 après avoir régné entre 1975 et 1993. Suite à sa victoire contestée par son adversaire, il fit recours à la rue. Et de manifestations en grève générale, il va contraindre Rastiraka à l’exil après un an de crise. L’ancien amiral de la marine, devenu le tout puissant président, avait déjà fait les frais, en 1993, de la foudre d’un certain Albert Zafy. Ce Cardiologue, qui remporta l’élection présidentielle, va ébranler le régime Rastiraka à force de sit-in.

Le bras de fer entre le maire d’Antananarivo et le président Ravalomanana s’est soldé par la victoire du premier, mais Andry est-il suffisamment conscient de ce qu’il est aujourd’hui assis sur un fauteuil facilement éjectable ? Les derniers événements à Madagascar démontrent aussi la fragilité hélas, de la culture démocratique dans ce pays.

 Dans l’histoire de cette démocratie anarchisée, il y a une constance : le décor.  L’essentiel se joue entre la place du 13 mai et l’Hôtel de ville avec des slogans du genre : «A bas le dictateur», «démissionnez ! Démissionnez». Ceux qui réussissent le coup et  s’installent au pouvoir refusent de parler de coup d’Etat jusqu’au jour où ils sont victimes de manifestations de même type.

Oumou SY

 


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