Etape importante dans le processus d’intégration de la sous région Afrique centrale, la mise en œuvre à brève échéance d’une compagnie aérienne communautaire devrait définitivement taire les atermoiements des états membres pour exalter la dynamique d’intégration effective.
Le récent sommet des chefs d’Etat de la Cémac a littéralement mis le pied sur l’étrier, parlant de la mise en œuvre de préalables à l’intégration effective de la sous région. Si Fort Lamy avait en son temps circonscrit le mode opératoire des différentes institutions de ladite sous région, Bangui en remettant en cause certaines de ses dispositions aura incontestablement été une révolution. Mais au-delà, ledit sommet aura mis en exergue la détermination des états à donner à l’intégration en Afrique Centrale une réalité indubitable.
Et c’est dans cette optique que s’inscrit le démarrage imminent de Air Cémac, la compagnie aérienne sous régionale dont le siège est à Brazzaville au Congo. Si quelques uns ont émis des réserves quant au choix de la capitale congolaise préférée à Douala qui, aux dires d’experts en transports aériens présente le meilleur et le plus rentable hub sous régional, il faut davantage voir en ce choix, une amorce de mise en œuvre du programme économique régional, en son volet infrastructurel.
En effet, avec l’instauration d’une présidence tournante au sommet des diverses institutions spécialisées sous régionales, les pays membres ne disposent plus de préséance figée qui pourraient leur susciter quelque fierté, mais tous devraient au contraire s’employer à s’approprier les préceptes de bonne gouvernance pour mériter les mandats qui leur sont accordés.
Et parlant spécifiquement d’Air Cémac, si les assurances de son démarrage imminent ont toutes été données par le tout nouveau président par exercice de la sous région, en l’occurrence Dénis Sassou Nguesso du Congo, le partenaire technique pressenti devrait également entériner la décision sur le siège afin d’accélérer la mise en œuvre effective de cette nouvelle compagnie communautaire qui incontestablement, sera un important vecteur pour la libre circulation des biens et des personnes.
Mieux, les décisions relatives à ladite compagnie ont engendré une meilleure lisibilité du projet qui peut par conséquent mobiliser davantage de ressources financières, même si pour l’heure les investissements y afférents le sont grâce à l’implication effective des états membres. Mais au regard du business plan élaboré par les experts commis à la diligence dudit projet, il ne fait point de doute que les états s’effaceront progressivement au profit d’investisseurs sous régionaux ce, dans l’optique de réfréner les échecs qu’auront connu des compagnies similaires qui ont précédé Air Cémac.
Aussi peut-on comprendre qu’il revient désormais aux experts commis à la négociation avec le partenaire technique de la convaincre quant à la pertinence du choix de Brazzaville comme siège, non sans mentionner qu’en fait le marché restera le même tant il est vrai que la sous région connaît un déficit en matière de transport aérien avec la cessation d’activités de Air Gabon et surtout de Cameroon Airlines.
Juguler les interférences gouvernementales
Au demeurant, les échecs antérieurs des compagnies nationales et mêmes communautaires ayant été tributaires de la trop forte ingérence des états, avec Air Cémac des dispositions ont d’ores et déjà été prises pour réfréner de tels comportements préjudiciables à l’essor de la compagnie aérienne sous régionale naissante.
Et les experts sont suffisamment formels sur la question : «Il faudrait que la compagnie soit gérée sur des critères professionnels sans interférence des politiques dans sa gestion. On a un modèle, c’est Ethiopian qui a aujourd’hui un pacte entre le gouvernement et la compagnie. Son contenu c’est que l’Etat s’interdit de s’ingérer dans le fonctionnement de la compagnie».
Autant dire donc qu’au-delà de l’imminence de l’envol de la nouvelle compagnie aérienne sous régionale, c’est davantage le challenge de la neutralité que devront relever les états membres, tant il est vrai que c’est en cela que se fondera la réussite de la compagnie qu’on veut lancer. En somme, Air Cémac qui est sur la rampe de lancement devra avoir pour modèle Ethiopian qui aujourd’hui fait la fierté de tout le continent.
Mieux, cette compagnie devant être gérée à tour de rôle par chacun des états membres, il s’y opérera à coup sûr une culture d’émulation au travers des performances que réalisa chacun des états au terme du mandat qui lui sera accordé. Raison pour laquelle d’aucuns ont valablement estimé que Bangui (parlant du sommet des chefs d’Etat de la Cémac) a effectivement été une étape importante dans la dynamique d’intégration sous régionale de même que l’avènement d’Air Cémac viendra la traduire dans les faits.
Ousmou SY