Nouvelle constitution, nouvelle Guinée

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Enclenché avec la dernière  réforme 1obiangconstitutionnelle, le processus de modernisation des institutions guinéennes se  poursuit.

Le vent de changement souffle sur la Guinée. Le sénat est opérationnel  depuis le mois de juin. Les sénateurs ont été élus au cours des élections générales  du 26 mai qui ont permis de renouveler  également  la chambre basse et les conseils municipaux. Ces élections se sont déroulées selon les observateurs de l’Union africaine dans « une ambiance de calme et de sérénité ». Les observateurs occidentaux n’étaient pas là. Si le président Téodoros  Obiang Nguema Mbazogo n’a pas souhaité la présence des observateurs occidentaux, c’est pour la simple raison qu’il reproche le fait que les africains ne sont jamais invités à observer les élections dans leurs pays.

 Comme les législatives et les municipales, les sénatoriales se sont soldées par la victoire du  Parti démocratique de Guinée Equatoriale (Pdge) – et ses alliés. Mais le parti de la convergence pour la démocratie sociale (Cpds), principal  parti de l’opposition a fait son entrée dans l’hémicycle avec  un député et un sénateur  tandis que   pour les municipales, il a pu décrocher quelques 17 postes de  conseillers municipaux. 

 A titre de rappel, la mise en place du sénat répond à un besoin de  modernisation  de la vie politique exprimé par le chef de l’Etat et est traduit  dans les faits par l’adoption par référendum d’une nouvelle constitution.  Celle-ci prévoit la création en plus du Sénat,  de la Cour des comptes, du Conseil d’Etat,  de la Cour suprême et  du Conseil pour le développement économique.

 Ces institutions qui sont mis progressivement en place  doivent jouer le rôle d’un contre-pouvoir qui doit essayer de trouver le juste équilibre entre l’Exécutif  et d’autres forces en présence. De même, il doit assurer le contrôle de l’Etat et  éviter en plus  à l’Exécutif des dérives monarchiques.

 Autre signe, la limitation du mandat

 La nouvelle constitution prévoit aussi  la création d’un poste de vice-président, lequel est  appelé à assurer l’intérim  en cas de vacance du pouvoir. Au départ, les guinéens étaient septiques quant à une révision  constitutionnelle  qui irait  dans le sens de l’ouverture.  C’était sans compter avec la volonté de changement qui anime de chef de l’Etat  guinéen ces dernières années.

 Il y a désormais en lui un  désir ardent   d’arrimer les institutions de son pays à la charte africaine de la démocratie dont les grands principes sont les élections libres, les institutions fortes, la séparation des pouvoirs,  la bonne gouvernance.  Téodoros Obiang  Nguema  veut redorer l’image de son pays que certains qualifient  en occident à tort ou à raison de dictature. En cela,  la main tendue à l’opposition (interne et externe) est un  grand signe dès lors qu’il a convié  tous les partis d’opposition à s’impliquer davantage dans le processus de transformation de  la Guinée. Plusieurs d’entre eux  ont préféré faire alliance avec le Parti au pouvoir. Avec le  Pdg, ils forment la majorité présidentielle face à  la Convergence pour la démocratie  sociale  et le  parti de l’Action populaire de Guinée Equatoriale(Apge).    Autre signe de changement est la limitation du mandat à deux septennats selon la nouvelle constitution. Elle contrarie les spécialistes de la critique facile qui  présentent le chef de l’Etat équato-guinéen comme un homme qui s’accroche au pouvoir.

 En tout état de cause, Obiang Nguema semble engagé, aujourd’hui plus qu’hier, à renforcer les fondements  de l’Etat guinéen de manière qu’il puisse résister à toutes les secousses même après son règne. Bon vent !

 Gilles Peltier

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