Ils sont, depuis trois jours, 148 Sénégalais à vivre la peur au ventre dans une mosquée de Bangui, la capitale centrafricaine. Une mosquée qui se trouve précisément au quartier Cinquième. L’information est donnée par des Sénégalais de Bangui.
Celui qui a porté leur parole est, d’ailleurs, ressortissant du village de Galoya dans le Nord du Sénégal. Ces Sénégalais, qui ont fui leurs maisons pour échapper au massacre en cours dans ce pays depuis quelques mois, n’ont pu trouver mieux que d’aller se réfugier dans une mosquée à défaut d’être accueillis par leurs voisins avec qui ils ont pourtant eu à tout partager pendant ces dix dernières années. Dans cette mosquée transformée en lieu de refuge, ces Sénégalais y ont retrouvé des Maliens, Tchadiens, Nigériens et Camerounais qui, eux aussi, ont été chassés de leurs domiciles.
Et le plus grave dans la situation que vivent actuellement ces Sénégalais de Bangui, c’est qu’ils ne s’alimentent plus depuis hier mercredi. «Nous avons du mal à trouver de l’eau à boire ou quelque chose à manger. C’est devenu extrêmement difficile», se désole Thierno Ly, ressortissant du village de Galoya, qui a joint Wal Fadjri. Et notre interlocuteur de poursuivre : «Nous avions cru qu’en allant nous réfugier dans cette mosquée, on serait à l’abri du grand banditisme qui sévit ici. Mais c’est tout le contraire que nous vivons depuis hier (mardi, Ndlr).»
Selon Thierno Ly, ils sont aujourd’hui 148 Sénégalais qui ne demandent qu’à quitter ce pays. Aussi attendent-ils des autorités sénégalaises qu’elles affrètent un avion afin de leur permettre de retourner dans leurs pays. Et c’est le Président Macky Sall qu’ils interpellent au premier chef. «Le grand problème que nous avons aujourd’hui, c’est de sortir de la mosquée pour aller se réfugier au niveau de l’aéroport. Car le seul quartier de refuge et qui est en sécurité reste le hall de l’aéroport où tous les ressortissants africains se trouvent depuis plusieurs mois», insiste, au bout du fil, notre interlocuteur. A l’en croire, pour rejoindre l’aéroport de Bangui, ils ont besoin d’une escorte puisqu’ils seront obligés de traverser des quartiers réputés dangereux pour les musulmans.
D’ailleurs, à en croire Ly, plusieurs Sénégalais ont été blessés dans ce quartier où deux de ses compatriotes ont perdu leur vie. Pour l’heure, Thierno Ly et ses compatriotes réfugiés depuis trois jours dans cette mosquée de Bangui continuent de réclamer à manger et à boire, mais aussi leur rapatriement au plus vite. Car, laisse-t-il entendre, « que dans les rues de la capitale, il n’est pas rare, pour ceux qui osent mettre un pied dehors, de marcher sur du sang ou d’assister à des tueries devenues quotidiennes.»
Groupe Walfadjri