Immigration : Interdiction et restrictions à 10 pays africains l’entrée aux Etats-Unis

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A partir du 9 juin prochain, les ressortissants de 10 pays africains sont concernés par une interdiction et des restrictions partielles d’entrée aux Etats-Unis, selon un document publié le 4 juin par la Maison Blanche.

Donald Trump interdit aux ressortissants de 12 pays l’entrée aux États-Unis, 7 autres États concernés par des restrictions partielles. Décidément, les étrangers sont la cause des problèmes de gouvernance du président américain Donald Trump ! Pas vraiment étonnant, quand on se souvient que la lutte contre l’immigration, à commencer par l’immigration illégale, a été l’un des moteurs de sa réélection en novembre dernier.

Pendant que la guerre douanière du 45e et 47e président des Etats-Unis qu’il a imposée au monde entier, ne porte concrètement aucun fruit positif et sape même la confiance de ses concitoyens dans sa capacité à prendre les bonnes décisions s’agissant de l’économie, il se donne un bol d’air en actant le retour du ‘’travail ban’’ : une interdiction de voyager pour les étrangers cherchant à se rendre dans son pays.

C’est la seconde fois qu’il met en place cet acte, la première étant en janvier 2017, lors de son premier mandat. En effet, au début de son premier mandat, Donald Trump avait imposé une interdiction de voyager à un certain nombre de pays, principalement musulmans, mais cette manœuvre n’avait pas eu le succès escompté, car elle avait essuyé une série de revers judiciaires avant qu’une version allégée n’entre finalement en vigueur.

Dix pays africains concernés par une interdiction et des restrictions partielles

Au total, la mesure vise 19 pays dont 12 pour une interdiction totale : l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, le Congo, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Parmi eux, 7 pays sont africains : le Tchad, le Congo, la Guinée Equatoriale, l’Erythrée, la Libye, la Somalie et le Soudan. Sept autres sont concernés par des restrictions partielles, dont trois pays africains : le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkmenistan et le Venezuela. Ces interdictions et restrictions entreront en vigueur le 9 juin 2025.

« Nous ne laisserons pas ce qui s’est passé en Europe arriver en Amérique. », a déclaré le président américain pour justifier cette mesure. Dans une brève allocution vidéo, il a expliqué qu’il avait demandé au département d’Etat, dès son retour à la Maison Blanche, de composer une liste des pays problématiques.

Les critères retenus sont la présence massive de terroristes, une coopération insuffisante en matière de visas, une quantité importante de ressortissants dépassant le délai prévu de leur séjour aux Etats-Unis. « La liste est sujette à révision », a expliqué Donald Trump. Les pays consentant des efforts pourraient en être retirés.

Il faut signaler toutefois que ce dossier sur l’immigration au pays de l’oncle Sam est l’occasion très souvent de vives frictions entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif ; on l’a vu avec les juges sur les expulsions extra-judiciaires. En cent jours, Donald Trump avait pris 140 décrets sur l’immigration, selon la Maison Blanche. Le Migration Policy Centre, un institut d’études indépendant, comptait 175 décrets et mesures sur la question, soit six fois plus que pendant la même période de son premier mandat.

Jusqu’à quand cette politique de diabolisation de l’étranger ?

Le président américain avait remis en cause le droit du sol – la Cour suprême est en train d’entendre les arguments sur le sujet depuis le 15 mai dernier. Il a mis fin aux programmes humanitaires (Temporary Protected Status) dont bénéficiaient des centaines de milliers d’Haïtiens, de Vénézuéliens, de Cubains et de Nicaraguayens.

Il a fait de l’anglais la langue officielle du pays, annulant l’obligation de traduire les documents officiels dont bénéficiaient les migrants. Il a entrepris de couper les crédits fédéraux aux villes dites « sanctuaires » qui refusent de voir leurs polices réquisitionnées pour aider la police fédérale à arrêter les sans-papiers.

La question qu’il est légitime de se poser est celle de savoir jusqu’où ira le président américain dans sa politique de diabolisation de l’étranger, dans un pays où la plupart des habitants sont venus d’ailleurs ? Les ancêtres des premiers habitants de l’Amérique – à savoir les Amérindiens – doivent se poser la même question là où ils se trouvent en ce moment ; pas sûr qu’ils aient une réponse.

Serge HENGOUP