La quasi unanimité de la classe politique contre le projet de référendum du président nigérien ne le décourage pas pour autant. Un passage en force se profile. Etincelles en perspective !
Le président nigérien ne s’avoue pas vaincu. Toutes les tentatives pour réviser la constitution et se maintenir au pouvoir se sont avérées infructueuses. Comme le peuple, les institutions aussi font de la résistance. Le 12 juin, la Cour constitutionnelle a annulé le décret portant convocation du référendum, une décision qui ne peut faire l’objet d’aucun recours en appel. Or le Président Tandja a demandé à ladite cour de se rétracter en prononçant l’inexistence juridique de son arrêt et d’en tirer toutes les conséquences. C’est ce qu’a d’ailleurs rapporté le porte-parole du gouvernement, le 25 juin dernier à la télévision publique : « L’arrêt de la Cour, affirme Mohamed Ben Omar constitue un abus de pouvoir du juge pour empêcher le peuple de s’exprimer démocratiquement ».
Le soir même du jour de l’arrêt, la télévision nationale très inféodée au Mnsd (Mouvement national pour la société du développement) au pouvoir, a diffusé, en boucle, les commentaires acerbes contre la décision de la Cour institutionnelle.
Quelques semaines plus tôt, l’Assemblée nationale avait rejeté déjà le fameux projet en le jugeant absolument inopportun. Parmi les partisans du président de la république, beaucoup ne cachent plus leur volonté de barrer la voie qui mène vers une révision constitutionnelle faite sur mesure. Le Cds de Mahamane Ousmane, l’une des composantes de la Mouvance présidentielle a annoncé le départ du gouvernement de ses huit ministres, en raison de l’attitude du gouvernement qualifiée « farouchement de anticonstitutionnel ». Pour le bureau politique de cette formation, « il n’est pas question de toucher aux institutions du Niger. Le référendum du chef de l’Etat est une violation des institutions ».
La rétraction de la Cour constitutionnelle étant quasiment impossible, le chef de l’Etat, bien qu’isolé de plus en plus, pourrait donc en toute illégalité organiser son référendum. Ce bras-de-fer entre Mamadou Tandja et les institutions de la République a créé de gros nuages gris dans le ciel nigérien depuis plusieurs semaines. Le coup de force institutionnel qui se dessine au Niger n’offusque pas manifestement la France qui serait favorable à ce que Tandja, un allié de choix, s’éternise au pouvoir.
Le Niger, où la société française Areva exploite l’Uranium depuis trois décennies au détriment de la population, est un partenaire hautement stratégique pour la France. Il est par ailleurs le premier producteur mondial de l’uranium, matière de base servant à la construction de l’arme atomique entres autres. Pour mieux protéger ses intérêts, Paris a besoin à Niamey d’allié sûr. Et jusque-là Tandja l’a été. Mais tiendra-t-il à la résistance qui s’étoffe chaque jour contre lui ?
Les difficultés du président nigérien à faire passer ses désirata ne font certainement pas trop de mal à ses adversaires politiques dont certains en ce moment pétillent de forme à l’instar de Hama Mamadou. Parti du pays pour la France depuis près d’un an, l’ancien Premier ministre, tombé en disgrâce en 2007 à la suite d’une motion de censure de l’Assemblée nationale pour une affaire de détournement de Fonds, est de retour. Ses sorties suscitent toujours beaucoup d’enthousiasme au sein de la population. Et c’est Tandja qui s’en trouve bousculé dans la pénombre
Rk