L’ex-président sud-africain Jacob Zuma, accablé par une série de scandales de corruption, a passé sa première nuit en prison : inédit en Afrique du Sud et test d’ampleur pour les institutions de cette jeune démocratie. Depuis que l’ex-président sud-africain s’est constitué prisonnier, les réactions se sont enchaînées.
Le charismatique et sulfureux Zuma, qui a gagné ses lettres de noblesse en passant dix ans en prison aux côtés de l’icône Nelson Mandela avant d’assurer le renseignement pour l’ANC en exil sous l’apartheid, a mis fin au suspense et s’est rendu. A la sidération quasi-générale.
Le « f_reedom fighter »_ déchu, autrefois surnommé « Teflon » en raison de son talent pour échapper la justice, a tenu le pays en haleine jusque près de minuit mercredi, ultimatum posé pour son incarcération.
Puis un convoi de voitures a fendu la nuit devant sa résidence de Nkandla, en pays zoulou (Est), entourée de quelques partisans irréductibles, pour filer vers la prison moderne d’Escourt à quelque 200 km.
La semaine dernière, le plus haute cour du pays l’avait condamné à 15 mois de prison ferme pour avoir trop souvent refusé de témoigner devant la commission anticorruption.
Cette instance créée en 2018 face à l’ampleur des scandales entourant le président Zuma, l’année même où il a été contraint à la démission, a déjà recueilli une quarantaine de témoignages le mettant en cause.
Après plusieurs recours ces derniers jours pour contester sa sentence, M. Zuma, 79 ans, a fini par se constituer prisonnier. Pas « un aveu de culpabilité« , a immédiatement réagi son porte-parole Mzwanele Manyi, qui a prévenu jeudi qu’il resterait injoignable le temps de digérer cette « tragédie« .
De nombreux Sud-Africains ont salué l’incarcération de Zuma, marqueur d’un respect des règles démocratiques. « Personne n’est au-dessus de la loi« , ont répété de nombreux témoins et acteurs ces derniers jours.