Guillaume Soro en sapeur pompier de la Francophonie

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Après l’Union Africaine et les Etats Unis, guillaume sorol’organisation internationale de la Francophonie décide d’envoyer une mission de haut niveau pour mener des bons offices en Egypte, pays membre de la Francophonie plongé dans une crise politique depuis l’insurrection politico-militaire qui a abouti à la destitution du président  Morsi.

Dans un communiqué rendu public il y a quelques jours, le secrétaire général de l’Oif Abdou Diouf, qui suit avec la plus grande attention la situation en Égypte, a décidé de l’envoi d’une mission d’information et de contact au Caire du 16 au 20 juillet 2013, conformément aux dispositions pertinentes de la Déclaration de Bamako consacrant comme objectifs prioritaires l’aide à l’instauration et au développement de la démocratie, la prévention des conflits et le soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’Homme.

 

Cette mission composée de hautes personnalités francophones est conduite par Monsieur Guillaume Soro, ancien Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale de la République de Côte-d’Ivoire. A l’occasion, ce dernier a pu rencontrer les autorités en place, les acteurs politiques, les représentants des  communautés religieuses et de la société civile ainsi que les partenaires internationaux présents sur place, à l’effet de recueillir les informations pertinentes pour le Secrétaire général et les instances de la Francophonie, suite aux évènements survenus en Égypte le 3 juillet dernier.

 

Ce d’autant plus que le Secrétaire général de la Francophonie avait exprimé sa vive préoccupation dans un communiqué publié le 4 juillet 2013. On se  souvient qu’il y avait appelé l’ensemble des acteurs à la retenue ; au calme ; à la résolution de la crise de manière pacifique, inclusive et respectueuse des principes démocratiques, de même qu’au respect des droits et des libertés de tous les Égyptiens.

 

Mission difficile

 

Avant l’arrivé de la délégation conduite par Guillaume Soro, l’émissaire américain qui l’a précédé sur les lieux a eu du mal à se faire entendre par le camp du président déchu et notamment les frères musulmans. Toutefois, le fait pour Guillaume Soro d’être Africain semble lui avoir facilité le contact avec toutes les parties prenantes à la crise politico-militaire égyptienne. C’est ainsi qu’il a pu tempérer quelque peu les ardeurs vindicatives des frères musulmans qui, en dépit de leur perpétuation d’une pression sur l’équipe dirigeante actuelle, ont pu adhérer aux préceptes ayant commandé l’intervention de l’Oif. Ce qui peut paraître évident dans la mesure où l’Egypte constitue l’un des pionniers de ladite organisation qui par conséquent ne saurait avaliser l’enlisement d’un de ses membres  dans la violence.

 

Malheureusement, cette l’accalmie qu’il a réussie à obtenir n’aura duré que le temps de sa mission, car dès le lendemain, les violences reprirent en intensité, amoncelant au fil des jours un nombre croissant de victimes collatérales. Toutefois, un maigre espoir demeure celui de voir les protagonistes de la crise égyptienne se réunir autour d’une table de négociations impliquant aussi bien l’Oif que l’Onu, eu égard à l’adhésion tacite à cette éventualité des irréductibles du camp Morsi, bien que sur le terrain, la crise semble se complexifier.

 

A cet effet, Guillaume Soro a su jouer sur le fait que “la Francophonie est venue apporter sa solidarité au peuple égyptien tout entier’’. Une solidarité qui, si elle est perçue comme telle par les protagonistes, leur fera certainement revenir à de meilleurs sentiments, même si la pomme de discorde reste la condamnation d’un coup d’Etat militaire perpétré contre un président démocratiquement élu. Du coup, les griefs à l’encontre de Mohamed Morsi s’entendent simplement comme un sauf-conduit savant trouvé pour le bouter hors du pouvoir. Raison pour laquelle l’intransigeance des frères Musulmans peut s’assimiler comme étant une injustice à leur encontre au fallacieux motif d’alimenter l’intégrisme religieux.

 

A ce titre, l’implication de la Ligue arabe dans la recherche d’une solution pacifique à la crise égyptienne se veut un atout supplémentaire pour expurger ladite crise des relents inquisitoires à l’encontre des Frères musulmans qui du reste, ont réitéré  à l’émissaire de l’Oif et à toute sa suite leur désir de maintenir la paix en Egypte. Si cet engagement est assujetti à la restauration dans ses fonctions du président Morsi détenu en secret par l’armée, il ne fait point de doute que la mission Soro alimente quelque espoir, fut-il maigre.

 

Et en cela, Guillaume Soro aura eu le mérite de créer une brèche dans ce que beaucoup considéraient jusque-là comme un antre impénétrable, lorsqu’on se réfère aux échecs des précédentes missions de rapprochement des protagonistes.Comme quoi, le choix porté sur lui par l’Oif participait de la connaissance par ladite organisation de ses talents de diplomate.

 

Rodrigue FENELON MASSALA

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