La réponse musclée du gouvernement face à la pandémie de la Covid 19 associée, aujourd’hui, à la hausse de la demande mondiale du pétrole remettent progressivement l’économie tchadienne sur la bonne voie. Par conséquent, les prévisions de l’année 2021 sont moins sombres.
Comme tous les pays producteurs du pétrole de la zone Cemac, la chute de la demande mondiale du pétrole et la crise sanitaire ont fortement perturbé les plans des gouvernements de la sous-région.
Le Tchad, dont le pétrole représente près de la moitié de ses ressources, n’a pas échappé aux soubresauts causés par ces événements. Il a vu ses recettes pétrolières chuter de manière drastique.
Le pays n’a certes pas enregistré un nombre important de cas de Covid-19, mais il a été durement touché par les conséquences mondiales de la pandémie, notamment avec la fermeture des frontières et la baisse des acticités dans les secteurs de l’aéronautique ou du tourisme.
Pourtant, l’économie tchadienne avait déjà amorcé le chemin de la croissance. Avec 3,2 % en 2019, selon la Banque mondiale, la croissance du Pib (Produit intérieure brut) non pétrolier est passée de -0,9% en 2017 à 2,2% en 2019.
Un redressement qui est intervenu après les mesures du gouvernement, prises pour contenir le choc de 2014, marqué par la baisse brutale des cours du pétrole, et favorisé par la mise en place des programmes d’assainissement des finances publiques, des efforts de mobilisation des recettes non pétrolières, le resserrement de la politique monétaire régional.
Toutes choses qui ont permis de contenir la pression inflationniste ou la restructuration de la dette publique, qui est passée de 58% du Pib en 2016 à 44,3% en 2019. Malheureusement, la crise sanitaire mondiale et ses effets ont replongé le Tchad dans la dépression en 2020 : tension de trésorerie, retour de la grande pauvreté, augmentation du taux de chômage, amplification des problèmes sociaux, etc.
Par ailleurs, le ralentissement de l’économie a certainement freiné le processus d’intégration dans la fonction publique des lauréats professionnels de l’éducation, qui manifestent depuis plusieurs semaines leur ras-le-bol.
En effet, sortis des écoles normales, certains cumulent près de 8 ans sans emplois. Ces lauréats ont menacé de quitter massivement le pays à destination d’un ailleurs où les droits de l’homme sont, disent-ils, respectés et où leurs bras ou leur savoir seraient utiles.
Pour éviter ce scénario catastrophe, le gouvernement a fait quelques promesses aux manifestants et doit agir, avec force, comme il l’a fait face à la Covid-19.
Un fonds de solidarité qui a absorbé pas moins de 6% du Pib
Le Tchad a fait preuve de promptitude dans la lutte contre la Covid-19, en activant en priorité le levier de la solidarité. Le fonds de solidarité, mis en place par le gouvernement et qui a absorbé pas moins de 6% du Pib du pays, a servi à payer les factures d’eau et d’électricité, à distribuer de la nourriture et à régler les arriérés de payement.
Un accord salarial signé avec ses partenaires sociaux et le soutien du Fonds monétaire international (Fmi) ont également permis de juguler la crise. Ce dernier a, en outre, octroyé au Tchad une enveloppe de 183 milliards de Fcfa et un allègement de 6 mois de dette du pays.
En réalité, la crise a été dévastatrice. Elle a coûté à l’économie tchadienne plus de 9 points de croissance en 2020, selon le Fmi. S’il est vrai qu’au troisième trimestre 2021, le pays n’est pas encore sorti de l’ornière, on peut noter néanmoins qu’il reprend les couleurs. Son économie devrait se redresser en 2021, estime le Fmi.
En tout cas, la légère hausse du prix de l’or noir et la demande mondiale du pétrole en hausse sont de bons signes.
Gilles Peltier