Sita Sangaré, président de la Fédération burkinabé de football « Le football africain n’a pas la place qui lui revient de droit »

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Reconduit à la tête de la Fédération burkinabé de football, Sita Sangaré compte aller au-delà du bilan élogieux qui a sanctionné son dernier mandat, en mettant en  œuvre une nouvelle vision du football de son pays, à travers les onze engagements que contient son programme. Explications !

Après votre brillante élection comme président de la Fédération burkinabé de football, inaugurée par la victoire des Etalons au Cap Vert, comment avez-vous accueilli tous ces événements ?

Nous nous réjouissons de la confiance massive des membres du collège électoral, et je dois dire que cela traduit certainement la reconnaissance de nos structures vis-à-vis du travail qui a été accompli tout au long de notre premier mandat. Évidemment cela implique pas mal de charges, de responsabilités, c’est-à-dire celle de devoir toujours travailler de manière à satisfaire les attentes, bien entendu, toujours croissantes, du monde du football. Et, je pense, évidemment, que c’est un challenge que les camarades du Comité exécutif, qui sont avec moi, sont prêts à relever.

Vous avez été élu sur la base de quel programme ?

Le programme proposé aux acteurs du football est un programme articulé autour de onze points, à savoir mes onze engagements pour le football burkinabé, axés sur la relève. Le thème central, c’est promouvoir la relève et consolider les acquis.

Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous auriez dû passer la main après votre premier mandat ?

Des opinions se sont exprimées et c’est cela qui fait la beauté d’une compétition. Mais, nous pensons que ce sont des arguments de campagne. Il y a certainement ceux qui souhaitaient une alternance, mais je pense aussi qu’à côté d’eux, il y avait surtout ceux, beaucoup plus nombreux, qui souhaitaient plutôt voir continuer l’équipe fédérale, pour consolider des acquis. La majorité des acteurs a plutôt estimé qu’en continuant avec cette équipe-là, on pouvait arracher d’autres acquis pour le football burkinabé.

Quel bilan pouvez-vous réclamer aujourd’hui ?

En termes de bilan, je pense qu’il serait fastidieux de pourvoir l’étaler ici et maintenant, parce qu’en quatre ans, il y a eu incontestablement un grand nombre d’acquis engrangé au bénéfice de notre pays, ne serait-ce que sur le plan des compétitions. Il y a eu pas mal de compétitions qui n’existaient pas du tout avant l’avènement de ce Comité exécutif et que nous avons dû créer. Je citerais par exemple  le championnat de 3ème division et la Coupe de la fédération qui a été instituée dès la deuxième édition pour favoriser la concurrence et l’esprit de compétion. Une coupe qui est exclusivement réservée aux clubs de 3e division. Il y’a eu également le championnat des petites catégories qui est une réalité et qui est mettre à l’actif du Comité exécutif. Mine de rien, c’est important.

Il ne faut pas oublier non plus que lorsque nous arrivions aux affaires en 2012, le championnat féminin était à l’arrêt, et en quatre ans, ce championnat a été régulièrement organisé. Mieux, au niveau du football féminin nous avons organisé la coupe du Faso.

Donc, vous constatez qu’il y a de nouvelles compétitions qui ont été organisées, sans compter les anciennes compétitions qui ont été maintenues et régulièrement organisées jusqu’à leurs termes. Ce qui est une gageure dans notre pays.

A côté de cela, les clubs ont vu leurs subventions s’accroître. Et sur le plan organisationnel, des efforts importants ont été faits, et la Ligue nationale de football qui existait, a cédé la place à trois nouvelles structures qui sont : la Ligue de football professionnelle, la Ligue de football amateur et la Ligue de football des jeunes. Et toutes ces ligues elles-mêmes, se retrouvent chapeautées par un département. Au niveau des arbitrages, un effort a été fait. Il y a eu la création, là également, d’un département de l’arbitrage. Il y a eu beaucoup de formations qui ont été organisées au bénéfice des arbitres.

De même, il y a eu, naturellement avec l’appui de la Caf et de Fifa, des formations organisées au niveau des entraîneurs. Pour ce corps particulier du football, Il y a eu surtout une classification des entraîneurs de notre pays. Cela est extrêmement important parce que les entraîneurs jusqu’alors, évoluaient sans qu’on ne sache trop qui est qui. Car, comme le dit l’adage, «les moutons se promènent ensemble mais n’ont pas le même prix». Et donc, à travers ce travail de classification, nous avons reconnu les mérites des uns et des autres, et chacun a été rangé dans sa catégorie. Parce que vous savez qu’il y a des entraineurs qui sont titulaires de la licence A de la Caf, certains de la licence B, d’autre de la licence C… Tout ce travail fastidieux a été fait à la grande satisfaction des entraîneurs de notre pays.

Président, comment parvenez-vous à concilier vos fonctions de président de la Fédération burkinabé de football et de directeur au sein de l’Armée de votre pays ?

Je pense que dans la vie, tout est question d’organisation. Jusqu’à présent dans notre pays, le football est une activité qui s’organise de manière bénévole. Lorsque vous estimez avoir du temps et de l’énergie nécessaire, vous vous libérez un peu de vos obligations professionnelles pour autre chose. Sinon, tous les membres  du Comité exécutif, sont des bénévoles qui travaillent au service du football. Ils ont à côté, leurs activités principales. Quant à moi, mon activité principale, celle qui me procure mes revenus, est celle de directeur de la justice militaire de mon pays. Et maintenant,  au niveau du Comité exécutif, nous avons des camarades avec qui nous sommes organisés pour que tout se passe très bien.

Au niveau de mon service également, en tant que militaire, j’ai bien attendu l’autorisation de ma hiérarchie qui me permet de vaquer à mes occupations dans le football, si je ne suis pas retenu. Et fondamentalement, une fois de plus, tout se passe bien avec mes collègues du service, pour que je puisse me consacrer quelque peu aux tâches de développement de notre football.

D’une manière générale, quelle lecture faites-vous du développement du football africain aujourd’hui ?

Je pense que le football africain progresse, n’en déplaise à certaines mauvaises langues. Il y a des efforts qui sont produits. Mais selon moi, c’est un football qui n’a pas la place qui lui revient de droit.

Nous avons déjà, tant au niveau de la Caf que de la Fifa, exprimé cette préoccupation selon laquelle notre continent est sous-représenté au niveau de la Coupe du monde, qui est le graal des graals au niveau du football. Vous savez, si des efforts ont été faits, nous en sommes toujours à cinq pays africains pour cinquante quatre pays pour les phases finales de la Coupe du monde. Alors que l’Europe qui compte à peu près le même nombre de pays que nous a, si je ne m’abuse, près de treize représentants. Et le continent américain    qui a beaucoup moins de pays a près de neuf représentants, si mes souvenirs sont bons Cela est une injustice flagrante qu’il convient de corriger. Ceci est d’autant plus vrai qu’il n’y a pas aujourd’hui un grand championnat européen où vous n’allez pas voir un africain évoluer. Cela veut dire que sur le terrain, on connaît les mérites de nos joueurs, et il faut que cela soit reconnu au niveau de la plus grande compétition sur le plan mondial.

Un mot à l’endroit de la famille du football burkinabé ?

Je dirais qu’avec l’élection du Comité exécutif, le 10 novembre à Koudougou, c’est un signal fort que les acteurs du football burkinabé ont donné à la face du monde. Et parce qu’encore une fois, il faut se rappeler qu’en dépit de la rudesse de la campagne électorale, le collège électoral s’est prononcé de façon très nette et très claire pour un programme. Et, je puis vous rassurer que ce programme sera scrupuleusement respecté.

Le Comité exécutif que je préside s’engage formellement, à mettre en œuvre les onze engagements contenus dans ce programme, à promouvoir la relève au niveau de notre football en vue de la professionnalisation qui est le stade ultime que nous rêvons d’atteindre. Nous voulons inviter tous les footballeurs du Burkina évoluant à l’intérieur ou hors de nos frontières,  à continuer toujours à se battre, à faire toujours honneur à la mère-patrie. Le Comité exécutif se battra toujours de don côté pour faire leur promotion.

                       Propos recueillis par Richard KENMOGNE