La troisième édition de New-York Forum Africa(Nyfa) a réuni du 23 au 25 mai dernier à Libreville près de 1500 participants dont les sommités du business et de la politique.
Promouvoir le savoir-faire de l’Afrique, promouvoir les investissements en Afrique, répondre aux défis de développement…Bref, le devenir du continent était à nouveau au cœur des débats au cours de cette 3e édition de Nyfa. Un forum qui se veut un cadre de réflexion et d’élaboration des stratégies en vue du décollage effectif du continent. Car, malgré une croissance qui lui a permis de doubler son Pib au cours de ces dernières années, le poids économique de l’Afrique n’est pas proportionnel à ses potentialités.
Perçue comme une simple pourvoyeuse de matières premières, l’Afrique est désormais le champ de bataille où s’affrontent, parfois rageusement les puissances économiques, les lobbies et autres conquérants assoiffés de richesses. Au moment où se transportent sur le continent le centre de gravité des luttes d’influence économique, comment comprendre que les pays africains en soient restés à des situations perpétuelles de rente ? Comment croire comme l’a observé un participant sénégalais, Magatte Wade, que « des pays ouvertement socialistes tels la Bolivie ou le Nicaragua devancent systématiquement l’Afrique subsaharienne – officiellement libérale et pro-business – dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale, qui mesure la facilité avec laquelle l’on entreprend ?» Pour les experts, le problème est la mauvaise gouvernance. Elle est le plomb qui pèse dans l’aile de l’Afrique et l’empêche de voler haut. C’est donc à dessein que les débats ont été tournés vers la gouvernance.
« Il faut que ça change et le mot changement, explique un expert, résume les objectifs affichés par le Nyfa depuis les deux premières éditions ». L’Afrique doit développer une vision qui l’amène à «agir plutôt que de réagir», à «anticiper plutôt que de subir» a affirmé le président gabonais Ali Bongo Odimba, le concepteur de l’initiative New York Forun Africa. Pour y parvenir, « elle doit être, dit-il, plus audacieuse » ; elle doit pouvoir s’adapter à un environnement international férocement compétitif. Elle doit explorer toutes les pistes qui mènent à l’émergence, notamment le choix des partenaires crédibles, l’investissement dans la formation, l’industrialisation grâce à une bonne maîtrise de la technologie.
En marge de ce sommet que d’aucuns ont nommé le «Davos » africain, il y avait la mobilisation des Indignés gabonais au siège de l’association Brain Forest. Ils n’ont pas ménagé leurs critiques vis-à-vis des organisateurs. Pour la présidente Blanche Simonny Abeghe, ces forums n’apportent rien au Gabonais, « Je mets au défi Richard Attias, (le publiciste à qui le président Ali Bongo a confié l’organisation de ces rencontres, ndlr) de venir nous dire quelle réalisation concrète on peut voir au Gabon. Ce sont des donneurs de leçons. Personne ne fera le Gabon à notre place. Surtout en nous mettant de côté, comme ils le font. »
De son côté, Attias soutient pour sa part que le Gabon y gagne beaucoup, « D’abord de bâtir la confiance entre des investisseurs potentiels et un pays. De grands décideurs économiques, américains, sud-américains, turcs, russes, ont découvert le Gabon, ses potentialités, son leadership. Et ces relations, ensuite, se transforment en contrat ».
Gilles Peltier