Le président déchu est toujours en résidence surveillée alors que Bruxelles renouvelle la menace d’infliger les sanctions à la junte.
Le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est désormais confiné dans la maison de l’un de ses frères à Lemden, son village natal sis à 250 km au sud-est de la capitale où il reste en résidence surveillé avec interdiction de sortir. Il y a été conduit dans la nuit du 13 eu 14 novembre sous bonne escorte depuis la capitale. Ce transfert selon les militaires au pouvoir crée les conditions favorables à l’apaisement. Ce n’est cependant pas la réponse, disent les partisans de l’ancien président, à la requête formulée le 10 novembre par la communauté internationale. Celle-ci avait une fois de plus demandé aux putschistes de le libérer et de rétablir en Mauritanie la légalité constitutionnelle. Ils avaient jusqu’au 20 novembre pour le faire. Au de là de cette date, le régime en place pourrait se voir infliger des sanctions.
Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est le premier président à être élu démocratiquement. Avant lui, le colonel Ely Ould Mohamed Vall qui avait renversé Maaouiya Ould Taya avait promis de rendre le pouvoir aux civils dès que le processus politique serait sur les rails. Il a tenu parole. Lorsque Cheikh Abdallahi remporte les élections au terme d’une élection qualifiée de régulière par la communauté internationale, les observateurs parlent d’un évènement historique dans une Mauritanie qui a une longue tradition du totalitarisme. Les Mauritaniens vont se réjouir de ce que leur pays soit entré dans une nouvelle ère. Le plaisir sera de courte durée. Après un an de règne, les militaires reviendront à la charge. Ils s’emparent du pouvoir le 6 août dernier et place le président en résidence surveillée. Le chef des opérations est Ould Abdelaziz, l’actuel chef de l’Etat. L’Union africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis condamnent à l’unisson cet énième coup d’Etat et appelle les putschistes à rétablir l’ordre constitutionnel.
Le « changement rectificatif »
En Mauritanie cependant, le renversement de Mohamed Ould Cheikh Abdallahi est diversement apprécié. Entre ceux qui soutiennent le « changement rectificatif » du 6 août suscité par la gestion calamiteuse de Cheick Abdallahi et ceux qui exigent le retour aux affaires et sans délai du président déchu, le débat est houleux. Mais il semble tourner presque toujours à l’avantage des premiers. Ils ne manquent pas de griefs contre l’ancien chef d’Etat qui selon eux, a commis des erreurs préjudiciables à la démocratie. « Ses 15 mois de règne ont été 15 mois de gabegie » note un sénateur qui n’est pas particulièrement sympathique avec Cheick Abdallahi.
Pour de nombreux mauritaniens, l’autre « coté détestable » du président aura été son épouse, Khattou Mint El boukhary. La championne du luxe voyant n’a jamais caché sa soif du pouvoir. Certains collaborateurs de Cheick Abdallahi avaient montré leur exaspération à l’Egard de cette Agrippine Mauritanienne.
Le moins que l’on puisse dire au regard du climat social en Mauritanie est que les mauritaniens semblent accueillir favorablement la feuille de route de Ould Abdelaziz. Malgré tout, la menace de sanction pèse sur le pays puisque les putschistes continuent à camper sur leur position et ses partenaires africains et occidentaux restent fermes sur la nécessité de rétablir la légalité constitutionnelle.
Des sanctions par principe c’est compréhensible, mais des doutes persistent quant à leur efficacité. Elles pénaliseront les populations qui ne sont coupables de rien et n’auront qu’un moindre effet sur les militaires La Mauritanie se trouve en effet dans une situation délicate depuis le coup d’Etat du 6 août. Au lieu des sanctions la communauté internationale peut inventer autre chose pour favoriser une sortie de crise.
RK