Emboîtant le pas aux régions du pays, les représentations

diplomatiques ont également célébré à leur manière le Cinquantenaire de la Réunification du Cameroun. Et entre conférences et réjouissances populaires, le maître mot aura été l’engagement de ce pays à participer à l’instauration de la paix et à combattre le terrorisme en Afrique.
«Le Cameroun n’épargne aucun effort pour éteindre les foyers de tension, instaurer la paix et contribuer à la réalisation de l’unité africaine ». Ce sont là des propos qu’on doit à l’ambassadeur du Cameroun au Sénégal, Jean Koe Ntonga, lors d’une conférence publique dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire de la Réunification du Cameroun, en présence d’une vingtaine d’autres ambassadeurs, de représentants des organisations internationales et de l’Etat du Sénégal.
Le plénipotentiaire du Cameroun a saisi cette occasion pour dévoiler toute l’importance qu’accorde Yaoundé à la lutte contre le terrorisme, mais aussi sa préoccupation pour ce qui est de la préservation de la paix et de la dignité humaine. Pour ce faire, l’exemple du règlement pacifique du conflit territorial de Bakassi entre le Nigéria et le Cameroun a servi de rampe de lancement, pour dérouler ce qui apparaît désormais comme la volonté de ce pays de promouvoir au-delà de ses frontières, une culture de la paix.
C’est certainement la raison pour laquelle, on voit de plus en plus des contingents des forces de police et de défense camerounaises dans les zones de tension, sans oublier l’organisation, à Yaoundé, en juin 2013, du

sommet des chefs d’Etat et de gouvernement des pays africains sur la sûreté et la sécurité maritime dans le golfe de Guinée. «Cela confirme cette volonté et la détermination du président Paul Biya à atteindre les objectifs stratégiques de la politique extérieure du Cameroun à savoir : relever les défis et trouver de concert avec les autres pays africains et la communauté internationale, des solutions aux problèmes de paix, de sécurité et de développement qui interpellent le continent».
Evoquant dans la foulée la situation centrafricaine, le diplomate a matérialisé cette préoccupation pour la préservation de l’espèce humaine, tant il est vrai qu’en marge du rapatriement de près de 5.000 Camerounais de Centrafrique, d’autres nationalités ont bénéficié de ce pont aérien, question de les prémunir au même titre que les Camerounais, des risques latents de prendre des balles perdues ou même de subir les affres des violences interreligieux ayant alors cours dans ce pays limitrophe au Cameroun. Au demeurant, la célébration du Cinquantenaire a été également l’occasion pour la diaspora camerounaise de s’imbriquer au mieux dans les différents pays d’accueil en organisant des manifestations sportives et culturelles, ainsi qu’une réception offerte aux diplomates accrédités dans lesdits pays d’accueil ; le tout couronné par une soirée de gala.
Toutefois, le point d’ogre aura nécessairement été la thématique autour de laquelle se déroula cette célébration dans les représentations diplomatiques : «la Réunification du Cameroun : acquis politiques, économiques et socioculturels de 1961 à 2013». Toutes choses qui induisent les retrouvailles et une volonté politique inébranlable de vivre-ensemble exprimée et démontrée par les deux sphères linguistiques anglophone et francophone alors séparées par la colonisation. Aussi peut-on comprendre que le Cameroun en soit à promouvoir le bilinguisme, comme l’aura du reste démontré Paul Biya dont le discours circonstanciel fut successivement lu en français et en anglais.
Exploiter au mieux le bilinguisme
Ce n’est certainement pas un hasard si à propos, le président Biya déclare : «le Cameroun a mené une politique de promotion et de renforcement du bilinguisme dans tous les domaines. Le bilinguisme symbolise notre unité et constitue une grande richesse et une ouverture incontestable à l’international». Avec cette double-facilité de communication, il devient plus aisé pour le Cameroun de jouer les conciliateurs, notamment quand l’issue semble compromise ou desservie par quelque barrière linguistique.
Autant dire que cela a par ailleurs développé une culture hybride qui assimile tolérance et clairvoyance dans la gestion des conflits. Il s’agit des qualités sans lesquelles on ne pouvait mener à bien les négociations dans le cadre de la résolution du conflit de Bakassi qui fait désormais office de jurisprudence en matière de gestion pacifique de différend frontalier. Une jurisprudence qu’on voudrait étendre à l’ensemble du continent. Mais souffrant généralement de conflits fratricides, il n’est pas toujours aisé de faire entendre raison aux protagonistes, tant il y va dans la plupart des cas de dévolution, des fruits de la croissance ou plus prosaïquement de la gestion des revenus globaux des pays en situation de crise.
Babine NSOA