Qui est Andry Rajoelina, le nouveau président de Madagascar ?

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Dix ans après avoir accédé à la présidence sous le régime de la Transition, le candidat n°13 a été officiellement déclaré vainqueur du scrutin présidentiel le 8 décembre par la Haute Cour constitutionnelle. Retour sur une consécration.

À 44 ans, Andry Rajoelina, connu à l’international pour avoir été, à 34 ans, le plus jeune chef d’Etat africain, signe son retour sur la Grande Ile. Issu de la classe moyenne, ce fils de colonel a commencé sa carrière dans le secteur de l’événementiel, avant de créer en 1998 l’entreprise d’impression numérique et de gestion de panneaux publicitaires Injet, qui dominera rapidement le marché de l’affichage publicitaire. Il étend son empreinte dans le secteur en rachetant la société Doma Pub.

Élu meilleur manager de l’année par la BNI (Banque nationale d’investissement) Madagascar, le jeune entrepreneur poursuit sur sa lancée en investissant en 2003 dans un parc de panneaux publicitaires Trivision lumineux puis dans les médias en rachetant en 2007 la radio et chaîne de télévision Ravinala, qu’il rebaptise Viva.

Ascension politique fulgurante

Des démêlés avec les autorités – qui l’empêchent d’installer des panneaux publicitaires dans la capitale – l’incitent à entrer en politique. Le 3 novembre 2007, il annonce sa candidature à la mairie de la capitale de Madagascar et crée le parti Tanora malaGasy Vonona (Les « Jeunes Malgaches prêts »), une formation indépendante et non affiliée à l’opposition, dont l’acronyme lui servira de surnom en référence à sa fulgurante ascension politique. Le 12 décembre 2007, l’entrepreneur autodidacte est élu maire d’Antananarivo avec 63,3 % des voix.

À la tête de la mairie, il lance en 2008 des travaux de reconstruction de l’Hôtel de ville et pilotel’informatisation des services municipaux. Entravé administrativement et financièrement dans l’exercice de son mandat par le pouvoir en place, il entre dans en confrontation directe avec le président en exercice, Marc Ravalomanana. Le 17 décembre 2008, après l’arrêt des émissions de la chaîne de télévision Viva TV, Andry Rajoelina lance un ultimatum au gouvernement pour la réouverture de sa chaîne télévisée. C’est le début d’un vaste mouvement de contestation du régime présidentiel dans la capitale.

Leader de la contestation anti-Ravalomanana

Andry Rajoelina s’impose peu à peu comme chef de file de l’opposition. Soutenu à la fois par une partie de la bourgeoisie merina et par les jeunes des quartiers déshérités de la capitale, il mène le soulèvement populaire contre le régime, qui aboutit à la démission et à l’exil de Marc Ravalomanana. En mars 2009, Andry Rajoelina est porté au pouvoir et devient président de la Haute Autorité de transition le 17 mars 2009. Son action à la tête de l’Etat s’inscrit dans uneconjoncture économique compliquée par la suppression des aides internationales sur fond dedéfiance des bailleurs vis-à-vis d’un président non élu. La communauté internationale lui impose de constituer un gouvernement composé de quatre mouvances politiques, ce qui freine significativement les avancées.

De son mandat, on retiendra surtout l’organisation de nouvelles élections libres et transparentes symbolisant la sortie de crise, l’annulation de la gigantesque cession agricole promise à Daewoo par son prédécesseur, la construction d’hôpitaux dans les grandes villes, l’extension du réseau routier, l’augmentation du nombre de fonctionnaires et de militaires – un bilan plus qu’honorable au vu de l’isolement économique de son régime.

L’IEM, creuset du programme présidentiel

Contraint de ne pas se représenter au scrutin présidentiel de 2013, au même titre que Marc Ravalomanana, dans le cadre d’un accord de sortie de crise validé par la communauté internationale, Andry Rajoelina prend la présidence du Mapar, principal parti d’opposition malgache, et monte son propre mouvement, l’Initiative pour l’Emergence de Madagascar (IEM). Cette plateforme de concertation, qui ambitionne de rattraper le retard du pays en cinq ans, est officialisée en France en janvier 2018, puis à Madagascar quatre mois plus tard.

Grâce aux contributions d’experts nationaux et internationaux, l’IEM fera office de creuset de son programme présidentiel. Ce think tank contribuera à en préciser les axes et à formuler des propositions concrètes sur les thèmes prioritaires que sont la paix et la sécurité, l’énergie et l’eau pour tous, la lutte contre la corruption et une justice équitable, l’éducation et la culture pour tous, la santé et un emploi décent pour tous, l’industrialisation de Madagascar, l’accent mis sur les femmes et les jeunes, l’autosuffisance alimentaire, la gestion durable des ressources alimentaires, la modernisation du pays, l’autonomisation et la responsabilisation des territoires ou encore le sport érigé en fierté nationale.

« Nous sommes à la croisée des chemins : soit nous choisissons de rester dans l’extrême pauvreté, soit nous prenons le chemin du développement, a coutume de souligner Andry Rajoelina. Nous allons réaliser, en cinq ans, des projets qui n’ont pas été réalisés depuis l’indépendance. »

Source: Ecofin


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