L’institution par l’Unesco (Organisme des Nations Unis en charge de la science et de la culture) du prix Obiang, du nom du président équato-guinéen a soulevé un immense tollé dans les rangs de certains groupes de défense des droits de l’homme. Le projet d’attribution de ce prix a été reporté. Les responsable de l’Unesco ont jusqu’au mois d’octobre pour se décider.
Les autorités équato guinéennes ont du mal à expliquer la controverse soulevée par un prix qui n’a pas d’autres objectifs qu’humanitaires. Lorsque le président Théodoro Obiang Nguema décide d’octroyer un financement (3 millions de dollars) à l’Unesco pour un prix scientifique portant son nom, il manifeste simplement sa volonté de « récompenser l’effort des scientifiques » affirme Agapito Mba Mokuy.
Pour ce conseiller à la présidence équato-guinéenne, cette donation qu’il qualifie d’ailleurs de « geste humanitaire » devraient « profiter d’abord à ceux qui souffrent dans le monde, les malades de Sida, les malades du paludisme … Ceux qui sont contre cette initiative sont contre les gens qui souffrent dans les pays en voie de développement ».
Ce point de vue est loin d’être partagé par certaines Ong de défense des droits de l’homme et autres militants de la lutte contre la corruption qui se sont déchaînés en juin dernier quand l’Unesco a voulu procéder à l’attribution du premier Prix Unesco Obiang-Nguema.
Les opposants à cette idée mettent en avant, l’image et le prestige de l’organisme onusien dont le nom ne doit pas être associé à un pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés, où la corruption est érigée en institution. Un pays où règne disent-ils la dictature. Ils mettent en cause en effet le chef de l’Etat guinéen qu’il présente comme un dictateur.
Tout en dénonçant la campagne internationale menée contre « un prix de l’Unesco », Obiang Nguema s’est défendu de ce qu’en Guinée, « les citoyens ne sont pas maltraités et personne n’est mis en esclave, je ne suis pas un dictateur parce que je n’impose rien. Graduellement, on est en train de développer la démocratie, les mécanismes pour l’alternance politique sont mis en place, les élections sont régulièrement organisées, on n’est donc pas devant une situation d’usurpation du pouvoir ».
Le chef de l’Etat équato-guinéen, faut-il le souligner, a respecté le règlement de l’Unesco et le prix a été approuvé par son Conseil exécutif dont les membres sont avant tout les Etats souverains. Ce conseil avait d’ailleurs apprécié la contribution du président Obiang Nguema. « Elle va nous aider à travailler » a déclaré sur Rfi, madame Irina Bokova, directrice de l’Unesco qui précise en effet : « nous avons pris la décision, nous n’avons pas regardé l’individu, nous ne jugeons pas »
Suite à la polémique suscitée parce prix, son attribution a été suspendue, le Comité exécutif de l’Unesco s’est réuni le 15 juin dernier et a décidé de la reporter. Ses dirigeants de ont jusqu’au mois d’octobre pour prendre une décision définitive
Le Prix querellé vaut quelques 300 000 dollars et doit être décroché par un chercheur ou un scientifique dont les travaux ont favorisé « l’amélioration de la qualité de vie ». Des 3 millions de dollars offerts, une moitié est consacrée pour les cinq prochaines années aux Lauréats et l’autre moitié à l’administration.