Pari Mutuel Urbain Camerounais : Le paravent des paris hippiques démonté

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Avec les révélations de «Le Monde» du 28 mars 2014 dernier, Edgar-Alain-Mebe-Ngoole Pari Mutuel Urbain Camerounais se retrouve davantage à l’étroit. Car, autant sa crédibilité était mise à mal par la suspicion entourant le paiement des gros lots et l’esclavagisme d’un genre nouveau y entretenu, autant le fait pour lui d’avoir été épinglé dans le blanchiment d’argent pourrait définitivement l’enliser dans le registre des entreprises à contraindre à déposer le bilan.

Qualifié à raison de «parrain des parrains» par notre confrère français, l’homme d’affaires corse Michel Tomi, 66 ans, à la tête du véritable empire industriel qu’il s’est constitué en Afrique autour des jeux de hasard et singulièrement les paris hippiques, est à l’origine de cette véritable levée de boucliers contre le Pmuc.  Car, entre deux courses hippiques, le Pmuc serait en réalité la plaque tournante d’un réseau de blanchiment d’argent sur le continent.

 Blanchiment pour lequel sa tête de proue doit procéder par enrôlement des dignitaires des états africains et pire, par corruption au sommet de certains états. Ainsi en est-il notamment du président malien, Ibrahim Boubacar Keita, dit «IBK» nommément cité dans l’article de notre confrère et dans une moindre mesure, de notre chef de l’Etat, par l’entremise d’Edgar Alain Mebe Ngo’o, le ministre de la défense.

 Achetant ainsi les consciences, il ne fait point de doute que le Pmuc en vient ainsi à fragiliser les états, mais surtout à disposer d’un puissant sauf-conduit pour s’adonner avec sérénité à ses activités favorites : le blanchiment d’argent et l’évasion des devises. Tous crimes réprimés par loi, pour peu qu’un état se veut regardant sur de telles activités, à l’instar de Tracfin (l’organisme anti-blanchiment de Bercy), dont les enquêtes permirent de démanteler les réseaux actifs dans le «blanchiment aggravé en bande organisée».

Ainsi, simulant une diversification de ses activités en embrassant des domaines aussi divers qu’hétéroclites, Michel Tomi sait par ailleurs disposer en le Pmuc le paravent idoine pour blanchir les fonds émanant desdites activités à fortes velléités de corruption. Ainsi en est-il notamment des nouveaux secteurs dans lesquels se meut le même Michel Tomi et tenant des BTP, des centrales hydrauliques, de la sécurité, du textile…

 pour maquiller au mieux ses activités illicites évoquées supra. Aussi en est-il à développer des amitiés dans le sillage des politiques, ignorant certainement que là se trouve en réalité le véritable guet-apens que lui tendaient les éléments des services de renseignements français, pour mieux appréhender son activisme débordant sur le continent. Placé sur écoute, M. Tomi est bavard au téléphone. Il discute avec ses hommes de main, chargés de rapatrier l’argent en France, en toute illégalité, fort de ses soutiens dans les états où il se meut. Ainsi en est-il du Cameroun où Edgar Alain Mebe Ngo’o semble être l’homme de la situation car, bénéficiant d’une immunité de fait qui en fait littéralement un intouchable.

 Mais sa conservation avec ce dernier est interceptée et conforte les convictions des fins limiers à ses trousses depuis quelques années déjà. Mais autant ses réseaux politiques lui servirent ainsi de paravent, autant au final, son inculpation pour «corruption d’agent public étranger» devrait entériner sa forte implication dans le blanchiment d’argent.

Réseau bien huilé

En somme, le Pmuc qui au Cameroun couvre les activités illicites de M. Tomi, ne saurait échapper aux enquêtes supplémentaires indispensables dans l’optique de diluer les effets pervers de ces activités plutôt illicites qui mettent à mal de nombreuses économies africaines et, partant celle du Cameroun.

Surtout qu’épinglé pour le non respect de son cahier de charges tenant de la réalisation d’investissements probants pour développer la filière équestre, il ne s’y est jamais astreint en simulant des donations dérisoires. Car, même si l’homme d’affaires corse sait faire fructifier ses intérêts, il ne s’offusque guère d’outrepasser largement les prérogatives qui lui sont dévolues en la matière. Aussi peut-on comprendre qu’il en soit à vouloir entourer chacune de ses opérations illicites du secret absolu, afin de ne guère concéder aux policiers à ses trousses de découvrir l’ampleur de ses crimes.

 Pour ce faire, il n’hésite pas de jouer des coudes pour obtenir la protection de ses relations plutôt haut placées à l’instar de ce qu’il obtint du Gabon, le refus d’accorder des visa d’entrée aux journalistes de Le Monde commis en novembre 2013, pour enquêter sur ses activités dans ce pays. N’empêche que els bribes d’informations y afférentes glanées çà et là ont permis de retracer le cheminent de l’argent sale et d’épingler une fois de plus le «parrain des parrains». Toutes choses qui bien évidemment vont déteindre sur le Pmuc.

Jean Paul ONANA

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