Le président Alpha Condé parle du virus Ebola

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condéLa Guinée a été le premier pays massivement touché dans l’ouest de l’Afrique par Ebola. Les premiers cas apparaissent en début d’année dans l’est du pays. Depuis, l’épidémie s’est répandue en Sierra Leone et au Liberia voisins, mais en Guinée, après un pic, la contagion a progressé moins rapidement que chez les deux voisins. Alpha Condé, le président guinéen, voudrait y voir un signe: avec un soutien plus important de la communauté internationale la bataille peut être gagnée.

N’avez-vous pas sous-estimé l’épidémie fin avril?

Alpha Condé: A ce moment-là, les indications de terrain montraient un repli: peu de nouveaux cas ont été signalés fin avril. Notre centre d’isolement était désert, certains médecins pensaient même pouvoir le fermer très vite. Personne n’a jamais été confronté à une telle épidémie, ni dans la sous-région ni dans le monde. Nous avons cru trop vite que l’épidémie touchait à sa fin. Mais la maladie est revenue par le Liberia et la Sierra Leone. Les frontières de nos trois pays se rejoignent dans une région boisée, le Bec de perroquet: 70% des cas ont été déclarés là-bas. Les mêmes ethnies vivent de part et d’autre de la frontière et la traversent sans demander l’avis de personne.

– Où en est la Guinée par rapport au Liberia et à la Sierra Leone?

– Nous avons été en première ligne et avons donc pris, les premiers, des mesures adéquates. MSF, très présent en Guinée, nous a appuyés et aidés. Nos médecins, forts du soutien de l’ONG, ont pu s’organiser et le système hospitalier guinéen n’a jamais cessé de fonctionner. Une immense campagne de sensibilisation a été initiée, elle vise tout particulièrement les régions reculées du Bec de perroquet. Les médecins engagés dans ce programme donnent des consignes d’hygiène pour endiguer la progression de la maladie. Aujourd’hui, les institutions fonctionnent. La rentrée scolaire a lieu presque normalement. En comparaison, la Sierra Leone a pris tardivement des mesures similaires, quant au Liberia, il est dépassé, car il n’a pas les structures de santé nécessaires, encore moins dans les régions de brousse où sévissait la guérilla. Le problème, c’est que pour vaincre Ebola, il faut agir conjointement dans les trois pays, faute de quoi, l’épidémie récidive.

– Où en est la Guinée par rapport au Liberia et à la Sierra Leone?

– Nous avons été en première ligne et avons donc pris, les premiers, des mesures adéquates. MSF, très présent en Guinée, nous a appuyés et aidés. Nos médecins, forts du soutien de l’ONG, ont pu s’organiser et le système hospitalier guinéen n’a jamais cessé de fonctionner. Une immense campagne de sensibilisation a été initiée, elle vise tout particulièrement les régions reculées du Bec de perroquet. Les médecins engagés dans ce programme donnent des consignes d’hygiène pour endiguer la progression de la maladie. Aujourd’hui, les institutions fonctionnent. La rentrée scolaire a lieu presque normalement. En comparaison, la Sierra Leone a pris tardivement des mesures similaires, quant au Liberia, il est dépassé, car il n’a pas les structures de santé nécessaires, encore moins dans les régions de brousse où sévissait la guérilla. Le problème, c’est que pour vaincre Ebola, il faut agir conjointement dans les trois pays, faute de quoi, l’épidémie récidive.

– La solution peut-elle être la fermeture des frontières, comme le préconise la Côte d’Ivoire voisine?

– C’est illusoire et contre-productif. Il faut isoler Ebola, pas les pays. On peut mettre autant de militaires qu’on veut, les gens continuent à passer illégalement, surtout dans la brousse. Je ne veux pas critiquer les gouvernements qui espèrent protéger leurs populations contre cette terrible maladie. Mais ni le Mali ni le Maroc n’ont bouclé leurs frontières avec la Guinée et cependant ils n’ont pas de malade. Mettre en quarantaine un pays ravagé par l’épidémie sans lui donner les moyens de lutter efficacement contre le fléau, c’est créer un foyer infectieux à partir duquel l’épidémie finit nécessairement par se propager. Je prône la solidarité avec les autres Etats victimes de l’infection et milite pour une réponse globale.

– Qu’attendez-vous de la communauté internationale?

– D’abord, je tiens à dire que nous n’avons pas été seuls, MSF notamment a beaucoup fait en Guinée. Mais il faut aller plus loin. L’urgence concerne le personnel médical et les lits disponibles. Si les grands Etats pouvaient mettre à disposition quelques-uns des hôpitaux mobiles de leurs armées, nous pourrions circonscrire la contagion. Nous savons exactement ce qu’il faut faire, quelles mesures déployer et comment. Mais dans la pratique, les moyens manquent et la mise en application n’est pas toujours optimale. Nous savons qu’il faut isoler les malades pendant vingt et un jours, mais les 19e et 20e jours, l’attention se relâche, les médecins enlèvent leurs gants. Nous ne sommes pas encore à 100%. Nous pourrions y arriver si la communauté internationale déployait plus de personnel médical chez nous.

– Quelles sont les conséquences sur l’économie?

– Gravissimes et au pire moment. Jamais la Guinée n’a eu d’aussi bonnes perspectives de croissance. Nous avons un nouveau code minier. Les investisseurs commençaient à affluer. Et tout a été remis en question par Ebola.

Source :Le temps

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