M. Ibrahim Foullah, vice-président de la fédération tchadienne de football dévoile ici toutes les magouilles et détournement orchestré par M. Moctar MAHAMOUT ci devant pésident de la dite fédération . Entretien
En votre qualité de vice-président de la fédération de football, pouvez-vous nous donner l’état des lieux de ladite fédération ?
Merci de me donner l’opportunité de m’exprimer sur ce sujet et répondant à votre question, je pense que comme toute fédération, la fédération tchadienne de football connaît des difficultés, des hauts et bas et par conséquent, je ne saurais
vous dire qu’elle se porte bien. Tant il est constant que le les clubs engagés dans les compétitions africaines, ni même les performances de l’équipe nationale ne
sont pas de nature à m’y autoriser. Toutefois, je pourrais vous dire qu’elle se bat pour avancer.
Comment de temps êtes-vous au sein de cette fédération en tant que vice-président ? Et quelles sont les réalisations à mettre à l’actif de cette fédération durant le temps que vous y avez passé ?
Cela fait environ quatre que j’y suis en qualité de vice-président. Et en dehors du projet Gold, je ne pense pas qu’il y ait d’autre réalisation très visible pour le moment.
Tout cela est dû à mon avis au manque à la fois de leadership et de vision du président actuel et de l’équipe dirigeante peut-être aussi ou bien c’est le président
lui-même. Puisqu’à la fédération tchadienne de football, c’est le président qui fait tout avec le secrétaire. Quant à nous autres, vice-présidents et les membres de la f
édération, si nous convoquons une réunion, le président arrive et annule toutes les décisions que nous avions prises. Donc nous ne pouvons rien faire tant que le président existe.
Revenons sur l’équipe nationale, l’équipe phare, les Saos. Pouvez-vous revenir sur leurs performances et nous dire comment se portent les Saos aujourd’hui ?
Les Saos n’existent pratiquement pas du tout, parce qu’on a suspendu notre équipe nationale depuis 2016 ce qui fait qu’aujourd’hui je ne peux pas en parler parce que
depuis lors, on n’a jamais convoqué les Saos ne serait-ce que pour un match de gala. On ne l’a jamais fait depuis 2016. Donc les Saos n’existent pas parce que pour
qu’il y ait une équipe nationale il faut qu’il y ait un championnat digne de ce nom.
Et depuis trois ans, le championnat n’existe pas. Et depuis lors, nos équipes qui doivent aller compétir pour la Champion’s League et toutes les autres compétitions africaines interclubs n’y vont pas. Cela est déplorable mais c’est la triste réalité.
Un différend vous oppose aujourd’hui avec le Président de la fédération, M. Moctar, pouvez-vous à ce propos, nous faire l’économie de l’ensemble des problèmes y afférents ?
Justement, je pense que c’est par rapport à tout ce que je venais de dire tout de suite. Nous ne nous entendons pas, parce que les choses n’évoluent pas. Le gars
n’a pas de projection, n’a pas de vision, n’a pas de leadership agissant comme il le faut et cela fait que toute l’équipe encaisse par la faute d’une seule personne. Et
quand nous relevons tous ces points, il se porte en faux et quand par extraordinaire nous le bousculons, il n’est pas d’accord et nous accuse de tout, simplement parce que nous soulevons ces problèmes. Et pour le cas d’espèce, le problème c’était le
championnat national, ce d’autant plus que le projet du championnat national c’est moi qui le portais. Et pourquoi le championnat national ? Parce que ledit championnat en 2016, quand Infantino était arrivé, j’initiai un projet pour lequel la
Fifa accepta de nous financer et singulièrement l’organisation du championnat national et pour lequel nous avions signé des conventions le 24 octobre 2017 et le 31 octobre 2017 par la Fifa, entériné par le déblocage par l’instance faîtière de la
première tranche de 200 000 dollars Us le 1er novembre 2017 et le 30 décembre 2017 le championnat est arrêté, faute d’argent.
J’ai soulevé ce problème parce que je n’étais pas d’accord et c’est la raison pour laquelle le président a estimé que je fouinais dans ses affaires et cela constitue notre premier point de divergence.
Quant au second, il est inhérent à la gestion des équipes devant être qualifiées pour les compétitions africaines en 2016. Son équipe, la Renaissance n’occupait
même pas le deuxième rang, puisqu’elle était troisième, mais par un savant jeu de magie on l’a ramenée à la deuxième place pour l’envoyer en compétition africaine.
Sur le budget octroyé par l’Etat à hauteur de 60 millions de F Cfa, il a accordé à son équipe la somme de 57 millions de F Cfa, ce que les autres clubs qualifiés pour
les compétitions africaines n’avaient accepté et ont assigné la fédération en justice, afin que son club rembourse le trop perçu à Coton Tchad et c’est cela qui constitue notre second point de discorde.
Le troisième point, c’est la modification des statuts de la fédération tchadienne de football. La Fifa a limité les mandats du président, et normalement le président est
à son dernier mandat mais il a soumis une proposition de modification des statuts pour enlever le verrou de limitation de mandats. Et c’est ce point beaucoup plus
important qui a créé un fossé entre-nous. Et nous sommes malheureusement arrivés à la situation dans laquelle nous nous retrouvons aujourd’hui. Par conséquent,
c’est un président qui n’a pas de vision, qui n’est pas humble, qui ne gère pas comme il le faut et qui de surcroît détourne systématiquement le peu d’argent que la Fifa met à la disposition de la fédération tchadienne de football.
On s’en est rendu compte avec beaucoup de retard et ce sont ces choses-là qui ne nous ont pas permis, comme je le disais tantôt de nous entendre parce le
détournement c’est un problème de culture aussi à laquelle je n’adhère pas. Mais la Fifa est saisie de la situation et nous évoluons en attendant ce que cela va donner.
A vous entendre parler, on a la nette impression qu’il y a encore quelque chose qui peut être fait pour sauver la fédération tchadienne de football. Pouvez-vous à ce propos esquisser un début de solution ?
La solution passe par la démission de ce président, ce d’autant plus que c’est l’une des conditions que nous avions posées car, avec un tel scandale, un président normal doit démissionner. Nous attendons cette démission.
Après avoir démissionné, je pense qu’une nouvelle équipe prendra les choses en mains pour jeter de nouvelles bases pour le développement du football tchadien. Sans cela, je pense que les perspectives seront toujours mitigées s’il n’y a pas une
vision très claire. Et de par la manière dont le président gère, je pense qu’il n’y aura pas de perspectives heureuses. Les perspectives ne peuvent venir que le président démissionne. Et en ce moment, je pense que les choses iront bien, parce
que nous avons les talents, nous avons les techniciens, nous avons également ce qui nous permet de lancer le championnat et faire qu’il devienne plus attractif, plus compétitif. Et je pense qu’il n’y a pas de problème, nous allons nous en sortir.
Nous vous remercions.
Propos recueillis à N’Djamena par Richard KENMOGNE