ENTRETIEN AVEC LE CANDIDAT MARC CHRISTIAN KABORE :  » Batir avec le peuple, un Burkina Faso de démmocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice »

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Candidat du Mouvement du peuple pour le progrès « Mpp » à la présidence, Marc Christian Roch-2 Kaboré dévoile, à la veuille des échéances électorale, les grandsaxes de son plan de redressement du pays des hommes intègres. Bien qu’avoir été l’un des piliers du règne de Blaise Compaoré, cet opposant à l’ancien régime et acteur du changement qu’a connu le Burkina sait bien de quoi il parle. Lisez plutôt !

Marc Christian Kaboré     croit à   ses chances d’accéder au Palais de kosyam…. ?

Le MPP est le premier parti au Burkina, implanté dans tous les villages du pays et 17 partis en formations politiques parmi les plus représentatifs au Burkina Faso soutiennent ma candidature. A la différence de tous les autres candidats, j’avais déjà parcouru la quasi-totalité des communes du pays avant le début de la campagne. Enfin, mon programme rencontre l’adhésion populaire pour changer de gouvernance et assurer dans la paix le développement du pays?

Votre programme  en vue de la transformation de la vie des populations comme dans toutes les campagnes politiques, les candidats font des promesses. Vous en avez fait aussi. Vous avez annoncé au cours d’un meeting de campagne dans le Sud-ouest, devoir   mener   des actions d’envergure pour améliorer la vie des populations dans cette région si vous êtes élu  : lutte contre le chômage, création des emplois, construction de l’Université de Gaoua, construction d’un nouveau CHR,   des Barrages de Ouessa et de la Bougouriba etc.   Quels sont les moyens de votre politique ? Où comptez-vous insérer les jeunes qui sortent des universités et ne trouvent pas de travail dans un pays dont le tissus économique reste très faible 50 ans environ après l’indépendance.?

Le chômage des jeunes étant lié à la fois à la qualification et aux emplois, mes efforts porteront sur ces deux aspects. D’abord, je densifierai le réseau des structures de formation professionnelle, de façon à ce que tout jeune qui quitte le système éducatif soit outillé pour affronter le marché de l’emploi. Ces structures de formation seront bien évidement axées sur les besoins de notre économie, car il ne sert à rien de former des jeunes qui vont se retrouver sans offre d’emploi. Ainsi, les structures de formation seront indexées sur les secteurs porteurs tels que l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le secteur minier, le commerce, etc. Ceci constitue l’un des deux piliers pour réduire le chômage.

Le deuxième pilier porte naturellement sur l’augmentation de l’offre d’emplois et cela passe par la stimulation de la création des entreprises. A cet effet, des mécanismes seront mis en place pour accompagner les jeunes qui ont des projets en rapport avec les secteurs porteurs que je viens d’évoquer, de façon à promouvoir l’émergence d’unités de transformation, de commercialisation de produits de haute qualité. En plus de ces mécanismes, je veillerai à la mise en place de structures de financement destinées à appuyer prioritairement les jeunes entreprises, car comme vous le savez, la plupart de nos banques hésitent à financer de telles entreprises et ont un taux d’intérêt élevé. Nous mettrons également en place des incubateurs pour accompagner les jeunes porteurs de projets.

Mais dans l’immédiat, tous les jeunes détenteurs d’un diplôme égal ou supérieur au bac seront recensés en vue d’un recrutement pour pallier au manque de personnel enseignant.

Votre projet de société prévoit-il un plan d’industrialisation du Burkina Faso ? Quel en est le délai d’exécution ?

L’économie burkinabé connaîtra un nouveau souffle qui va s’installer dans la durée, parce que l’accent sera mis sur des secteurs porteurs pour notre économie et pour les emplois. Des secteurs vitaux pour le pays tels que l’agriculture, l’élevage, la pisciculture, etc… Connaîtront un réel essor parce que des moyens sans précédents leur seront alloués. Mais cela n’est pas suffisant ! Comme indiqué dans le cadre des actions en faveur de l’emploi des jeunes, le tissu industriel sera renforcé par le biais des industries de transformation. Cette dynamique de densification des industries de transformation sera basée sur les potentialités réelles de chacune de nos régions. Nous disposons déjà d’une cartographie précise des secteurs porteurs par région, et ces secteurs seront activés sans attendre.

Mais pour que ces secteurs soient réellement activés, nous avons besoin à la fois d’acteurs nationaux et étrangers. C’est   pourquoi les dispositions réglementaires seront prises pour favoriser le partenariat public-privé chaque fois que cela s’avèrera nécessaire ainsi que l’apport de la diaspora.

Avec monsieur Marc Christian KABORE   à la présidence de la République, est ce que les Burkinabè auront-il plus de pain, plus d’eau potable, leur système de santé sera-t-il plus humain qu’il ne l’a été pendant les 27 dernières années ?

Répondre de façon conséquente aux attentes du peuple exige que l’on jette les bases d’un retour à la confiance et au travail. Cela passe par l’instauration d’un dialogue avec tous les acteurs sans exclusive afin que chacun comprenne que nous avons besoin de l’apport de tous pour relever les nombreux défis auxquels fait face notre peuple. Les citoyens ont besoin d’être impliqués dans les réflexions sur toutes les questions essentielles du développement. Ils veulent une gouvernance transparente qui leur fasse de la place, tant au niveau de la réflexion que de l’action.

Une fois les bases du dialogue jetées, nous pourrons alors, tous ensemble, engager les actions en vue de réaliser les mesures figurant dans mon programme par rapport aux domaines que vous évoquez.

J’ai pris l’engagement de faire en sorte que le capital humain soit au centre de toutes préoccupations, parce que c’est lui qui est le moteur du développement. Les mesures contenues dans mon programme vont apporter aux Burkinabé plus de prospérité, tant au niveau des services sociaux de base (santé, éducation) qui seront accessibles à tous, qu’en ce qui concerne l’habitat, le cadre de vie. Les conditions seront créées afin d’offrir à tous les Burkinabé des chances égales d’accès aux emplois, des conditions de vie et de travail décentes.

Le Burkina FASO est l’un des pays d’africain qui investit de façon notable dans la culture et met celle-ci au développement économique. On reconnaitra néanmoins que les investissements réalisés jusque –là sont insuffisants eu égard aux potentialités du pays. Que compte faire monsieur Kabore pour porter par exemple le cinéma burkinabè plus haut ?

Le cinéma burkinabé dispose de beaucoup d’atouts pour resplendir au plan international. Nos cinéastes sont nos meilleurs ambassadeurs. C’est pourquoi j’ai prévu d’offrir aux cinéastes et aux autres artistes de meilleures conditions d’expression de leurs talents, et ce par le renforcement des capacités des acteurs des industries culturelles. Cela se fera par :

  • l’inventaire des structures de formation et de promotion des artistes et l’évaluation de leurs niveaux de performances afin d’apporter un appui à leur rayonnement en termes de formation, d’encadrement et de promotion des artistes et sportifs talentueux ;
  • la concertation avec les représentants des différentes filières de la culture pour identifier les structures les plus appropriées à apporter en complément de celles qui existent ;
  • la création, dans une approche de partenariat public-privé, des structures de valorisation de productions artistiques ;
  • la création d’un fonds d’accompagnement aux entreprises cinématographiques pour soutenir leur professionnalisation.


II – Kabore Entre le passé et l’avenir

Votre vie politique antérieure au service de Blaise Compaoré ne vous vaut-elle pas des préjugés défavorables auprès de l’opinion ? Vos adversaires politiques ont régulièrement évoqués ce passé contre vous, est-ce que finalement ce n’est pas très embarrassant au Burkina Faso d’aujourd’hui de prendre parti en faveur de Blaise Compaoré en particulier quand a compté  parmi   les pièces maitresse de son dispositif ?  

Je ne prends pas partie en faveur de Blaise Compaoré. Bien au contraire sans doute c’est un fait que nous avons travaillé avec lui, mais il faut noter que je n’ai aucun complexe d’avoir travaillé honnêtement pour mon pays durant toutes les années. Le 4 janvier 2014, nous avons démissionné du CDP en disant haut et fort les raisons de cette rupture. Nous nous sommes battus au sein de l’opposition depuis lors et cela a abouti à l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014 et à la chute de régime de Blaise Compaoré. C’est donc la preuve de la rupture d’avec son système.

Du reste si l’un d’entre nous avait commis des indélicatesses, il y’a longtemps depuis notre démission du CDP que des procédures seraient engagées contre nous alors même que Blaise Compaoré était toujours à la tête du pays. Vous ne pouvez pas douter que nous restons des ennemis pour certains au CDP.

Si c’était pour refaire la même chose que Blaise Compaoré, nous ne serions pas traités de la sorte ; mieux nous serions des alliés, ce qui est inadmissible et inacceptable pour nous actuellement.

Pendant l’insurrection qui a emporté le président Blaise Compaoré, les Burkinabès réclamaient le changement. Peuvent-ils compter sur le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès(MPP)   pour   impulser un vrai changement au Burkina Faso. Au regard de ce qu’ils ont reçu de l’ancien régime que vous avez servi pendant au moins 25 ans avant de prendre vos distances…, que croyez-vous pouvoir leur apporter de différent  si vous êtes au pouvoir ?

Mon programme vise à « Bâtir avec le peuple, un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice ». Mon engagement d’œuvrer à un développement social et économique soutenu du Burkina Faso, tire ses sources des aspirations légitimes et profondes de notre peuple, pour une société nouvelle fondée sur les valeurs suivantes :

  • la démocratie, la justice sociale et la liberté d’opinion en vue d’une participation responsable des citoyens au développement du pays ;
  • le progrès économique, la solidarité et la participation responsable de tous au développement de la nation et à la gestion des affaires publiques ;
  • l’égalité d’accès aux services sociaux de qualité et à l’emploi ;
  • la libre entreprise en accord avec les lois, les normes techniques et environnementales du pays.

Pour ce faire, il y aura des réformes institutionnelles qui garantiront la bonne gouvernance, les libertés, la justice, etc. L’administration connaîtra une véritable modernisation pour être au service des citoyens. Tous les Burkinabé se verront offrir les mêmes conditions d’accès aux services sociaux de base (santé, éducation, formation professionnelle) et aux emplois.

Le gouvernement burkinabè a décidé de mettre en examen Blaise Compaoré pour les horreurs commis pendant son régime. Quel commentaire vous inspire cette décision. Et si vous étiez convié à la barre comme témoin…… Quel est votre part de responsabilité dans le bilan de Compaoré ?  

Aucun citoyen n’étant au-dessus de la loi, si la justice estime que l’ancien président doit répondre de faits à lui reprocher, je ne vois pas pourquoi il ne devrait pas être entendu. Si je suis appelé, du fait d’avoir travaillé à ses côtés, à répondre de quoi que ce soit, je me soumettrai volontiers à la justice de mon pays.

Les pères fondateurs de votre parti Roch Marc Christian KABORE, Salif Diallo et Simon Compaoré) sont tous issus du CDP. Qu’est-ce qui peut empêcher les électeurs de penser que le MPP n’est pas le CDP-bis ?

C’est notre programme qui est bâti sur des principes qui sont étrangers à ceux qui étaient en vigueur au sein du CDP, notamment la mal-gouvernance, la corruption. C’est notre refus de ces pratiques qui nous a amenés à quitter le navire CDP.

Depuis notre démission, c’est la haine que nombre de responsables du CDP nourrissent contre le MPP qui explique aussi que nous n’allons pas reproduire leur système que nous avons combattu avec efficacité avec l’aide du peuple.

                    Entretien avec Richard KENMOGNE