Ancien Ministre d’Etat, ancien député, il vient d’être porté à la tête du Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de Centrafrique. Il parle de l’assemblée générale de Bria et présente sa vision pour la nouvelle Centrafrique. Lisez plutôt !
Excellence, pouvez-vous nous parler des travaux de l’Assemblée générale de votre parti?
DJONO AKABA Charles Gotrans : Merci pour l’occasion que vous me donnez de parler de l’Assemblée générale qui a été organisée à BRIA chef lieu de la préfecture de kot koto, qui a vu la naissance du Rassemblement patriotique pour le renouveau de Centrafrique. A l’issue de cette assemblée générale, à l’unanimité, j’ai été désigné président de ce mouvement. C’est pour moi un plaisir, et la tâche est énorme. C’est une grande responsabilité dans un moment où notre pays traverse une période sombre de son histoire. Et je pense qu’en travaillant la main dans la main, et dans un dialogue permanent que nous pouvons atteindre les objectifs.
Aujourd’hui, l’assemblée générale qui a eu lieu à BRIA c’est pourquoi ? C’est pour corriger les erreurs, partir d’un nouvel élan, et surtout pour nous les hommes politiques, nous avons vraiment une responsabilité historique dans tout ce qui se passe dans notre pays. Il est aussi question qu’à un moment de notre histoire d’avoir à assumer ses responsabilités
C’est pourquoi j’ai décidé de prendre la direction de ce mouvement. Et je me pose la question aussi comme tout le monde : Pourquoi nous faisons la politique ?
On fait la politique parce qu’on a une vision, parce qu’on a un projet de société pour son peuple ; pour améliorer les conditions de vie de son peuple. Mais je ne pense pas que c’est par une lutte armée perpétuelle qu’on peut réaliser ce projet. Je ne pense aussi pas que c’est par la partition du pays qu’on peut réaliser ce projet. Aujourd’hui il est question de faire comprendre à tous nos compatriotes que la lutte doit être pacifique, et notre démarche aujourd’hui est inclusive. Nous tendons la main à tous les Centrafricaines et à tous les centrafricains de bonne foi de nous rejoindre dans cette démarche.
Il n’est pas question de parler seulement de Nord – Est, mais de la République Centrafricaine toute entière. La question du développement ou la question de l’amélioration des conditions de vie ne se pose pas seulement dans le Nord – Est, mais c’est toute la République Centrafricaine, même Bangui la capitale a besoin de développement. Et je pense que c’est par une démarche concertée avec une volonté affichée des autorités politiques de la transition que nous pouvons sortir notre pays de la situation actuelle. Si je dis aujourd’hui que la démarche doit être pacifique, c’est parce qu’il faut faire la paix, parce que nos compatriotes doivent se sentir en sécurité; cela ne veut pas dire que nous avons abandonné nos revendications de départ. Les revendications restent entières. Et comme vous le savez bien, la crise est trop profonde, il faut des sacrifices. Il faut des concessions de part et d’autres. Il faut une volonté politique affichée de la part des autorités de la transition, pour qu’ensemble on puisse adopter une démarche concertée afin de poser les véritables jalons d’une paix durable. Et effectivement la question de la paix passe par le désarmement des groupes armés.
Vous allez me poser la question de savoir qu’un mouvement a été créé, le rassemblement démocratique pour le renouveau de Centrafrique, mais quelque part il y a une chaine de commandement militaire qui est là. C’est parce que nous voulons regarder les problèmes en face. Aujourd’hui, les milliers d’éléments qui se sont encore armés, sont là et nous devons prendre leur problème en compte pour poser les jalons d’une paix véritable. Et c’est pour cela, on ne peut pas les abandonner à leur propre sort. Il faut les encadrer à travers une structure de commandement, pour que la discipline règne, et pour que le processus de désarmement, de mobilisation et d’insertion soit mis en œuvre. Afin qu’au fur et à mesure, nous puissions construire une nouvelle armée républicaine pour notre pays, et pour les éléments qui ne refléteront pas à faire un plan de carrière militaire, ces éléments vont être accompagnés dans la vie civile. Je dis bien accompagner. Il faut qu’il y ait des mesures d’accompagnement. Et c’est à travers ça, qu’au fur et à mesure on va retrouver une paix durable dans notre pays. C’est important de lever cette équivoque.
J’ai parlé de l’abandon de la lutte armée, j’ai parlé de la non partition du pays, parce que ce pays là nous a été légué par notre père fondateur, le père feu Barthelemy Boganda, qui était à l’époque déjà un panafricaniste, ce n’est pas cinquante – soixante ans après qu’on va trahir sa pensé. Parler de la partition c’est contreproductif. Et nous devons faire un travail de proximité, pour sensibiliser nos compatriotes afin de leur faire comprendre que malgré la situation que le pays a vécu, le vivre ensemble est toujours possible.
Nous sommes arrivés aujourd’hui à ce stade par le seul fait de la manipulation de certains hommes politiques véreux, qui ont mis en avant leur propre intérêt. Sinon mon pays la Centrafrique n’a jamais vécu ce genre de conflit: musulmans-chrétiens, Nord-Sud. Les Centrafricains ont toujours vécu en symbiose. Nous sommes un peuple métissé : vous verrez il y a une majorité d’enfants en Centrafrique qui sont de mère chrétienne et de père musulmans, d’autres de mères musulmanes et de père chrétiens, parler de la question de Nord-Sud qui n’a jamais existé ; c’est un truc qui a été créé artificiellement, parce que le mariage est souvent métissé, à travers toutes les ethnies. Et je pense que nous devons tirer la leçon de ce qui est arrivé et avancer de manière positive. Aujourd’hui il est annoncé d’ici Avril, le forum, c’est à dire le dialogue inter Centrafricains. Nous souhaitons que ce dialogue ne soit pas une occasion manquée une fois de plus pour le peuple Centrafricain. Mais un lieu de poser les véritable jalons d’une paix durable entre les Centrafricains, diagnostiquer les problèmes de manière concertée, avancer en trouvant les réponses de tous les problèmes de par et d’autres.
Et notre démarche comme je le disais tantôt, est inclusive. Nous associons toutes les filles et fils du pays de bonne foi. Nous lançons un appel à toutes les filles et fils de notre pays de bonne foi de nous rejoindre cette démarche qui va dans le sens de l’intérêt de tout le peuple Centrafricain.
Je vous remercie.
Propos recueillis par NGOUOHOU’O AMIDOU