Le 23 janvier dernier, 30 à 40 000 personnes ont manifesté dans les rues de Bruxelles pour réclamer un gouvernement. Il n’est toujours pas formé. Et la crise dure depuis 11 mois.
La Belgique n’est ni un pays de l’Amérique latine, ni un pays de l’Asie centrale, encore moins de l’Afrique Subsaharienne. Elle se trouve bel et bien au cœur de l’Europe et sa capitale Bruxelles est également la capitale de l’Union européenne, un regroupent de 27pays d’Europe qui ont en partage les valeurs démocratiques. La Belgique fait partie de cet ensemble. Seulement, elle connaît depuis deux ans des problèmes peu ordinaires pour une démocratie. Des problèmes qui sont plutôt courants dans les républiques bananières d’Afrique. En fait, la cohabitation est devenue difficile entre les différentes communautés de la confédération qui s’étripent autour du gâteau national et ne veulent plus vivre ensemble.
Toutes les coalitions gouvernementales volent en éclat au bout de quelques jours et du coup, il faut organiser ou réorganiser les législatives anticipées. A titre de rappel, les dernières en date ont eu lieu en juin 2010. Aucun accord n’a été trouvé entre les Néerlandophones (entre 55% et 60% de la population), mus par des velléités indépendantistes, et la minorité francophone attachée à l’unité de la Belgique. Conséquence, le gouvernement démissionnaire du démocrate-chrétien flamand, Yves Leterme est toujours là, depuis bientôt un an, à gérer les « affaires courantes », alors qu’en théorie ce gouvernement n’existe plus. Mais, en attendant que soit formé un nouveau, le chef du gouvernement démissionnaire doit continuer à gérer les affaires de l’Etat. Toutefois, il ne peut prendre certaines décisions telles la nomination des hauts fonctionnaires, des greffiers, … Grâce à ce principe, et à son système très décentralisé, la Belgique a réussi tant bien que mal à éviter la paralysie.
D’aucuns diront qu’il n’y a pas de paralysie, certes, mais cela n’implique pas que tout va bien. Les régions ont les moyens de se gérer, mais au niveau fédéral il y a sans aucun doute disfonctionnement de l’appareil étatique comme l’illustre cet extrait paru dans un journal Bruxellois :
« Les trains roulent, même si, comme d’habitude, ils sont en retard ; l’état des routes reste un sujet de préoccupation nationale, mais les nids de poule sont tant bien que mal rebouchés ; les poubelles sont toujours aussi rarement ramassées, mais c’est habituel ; la distribution du courrier reste aléatoire, suivant le rythme des grèves des centres de tri ; les fonctionnaires sont toujours payés et même augmentés ; les chômeurs sont indemnisés ; les retraites sont versées ; les partenaires sociaux négocient et s’affrontent. Bref, la vie continue au royaume de Belgique, cahin-caha…Pour l’instant, dans une certaine indifférence. Certes, les hauts fonctionnaires ne sont plus nommés. Le budget 2011 n’a pas été voté faute de majorité et celui de l’année passée a été reconduit à l’identique, par tranches. Les lois sur la nationalité ou sur la garde à vue sont bloquées. Mais, de l’extérieur, tout semble se dérouler normalement. La Belgique a même présidé l’Union européenne au second semestre 2010, c’est dire. Les citoyens commencent à peine à s’émouvoir de cette situation inédite. Il a fallu attendre le 23 janvier pour que 30 000 à 40 000 personnes, essentiellement des Francophones, manifestent à Bruxelles pour réclamer «un gouvernement». Et que l’acteur belge Benoît Poelvoorde demande à ses concitoyens de ne plus se raser la barbe en signe de protestation. Mais Bruxelles ne s’est pas pour autant transformée en ville de barbus ».