La statue de bronze de l’ancien président Thomas Sankara, qui avait été retirée du Conseil de l’entente pour correction, en mars 2019, a été dévoilée, dimanche 17 mai 2020. Ce jour marque également le 37e anniversaire de l’arrestation du « capitaine rebelle », alors Premier ministre du commandant Jean-Baptiste Ouédraogo.
Sitôt dévoilée le 2 mars 2019, la statue du président Thomas Sankara avait déclenché une vive polémique sur les réseaux sociaux. Nombreux ont été ceux qui n’ont pas reconnu les traits du visage du leader charismatique de la révolution d’août 83. Ramenée en atelier pour correction, avec un délai de deux mois, la statue de bronze a finalement rejoint son emplacement en février dernier, au Conseil de l’entente.
Sa redécouverte a eu lieu ce dimanche 17 mai, jour anniversaire de l’arrestation de Thomas Sankara, alors Premier ministre sous le régime du commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. C’était en présence de membres du gouvernement, d’anciens compagnons de l’ex-président et des familles des compagnons d’infortune de Thomas Sankara, victimes des événements du 15 octobre 1987.
« On pouvait faire mieux »
« J’assume pour tout ce qui s’est passé », a déclaré d’emblée le sculpteur Jean Luc Bambara, qui a dirigé l’équipe de réalisation de la statue de bronze, haute de cinq mètres sur un socle de trois mètres de hauteur. « Nous avons travaillé à un moment donné où les aléas climatiques n’ont pas été favorables. Ce résultat n’est pas celui auquel on s’attendait. On pouvait faire mieux », a reconnu l’artiste, qui n’a pas manqué de faire un clin d’œil à l’ancien président ghanéen, Jerry Rawlings, qui, lors d’une visite à son atelier, aurait lâché ces mots : « Vous avez su capter l’esprit de Sankara ». Jean Luc Bambara a également exprimé sa gratitude au président du Faso qui, à travers des membres de son gouvernement, l’a soutenu car « c’était une guerre nationale et il fallait remporter cette victoire pour apaiser ».
L’engagement du gouvernement burkinabè
Pour le Comité international mémorial Thomas Sankara (CIM-TS), ce serait prétentieux de dire qu’on peut réaliser à 100% le personnage de Sankara. Un avis partagé par l’ancien diplomate, Mousbila Sankara, présent à la cérémonie « Ne demandez aux gens de faire plus que ce qu’ils ont fait. L’œuvre est déjà très bien », a-t-il déclaré. Il est rejoint par le ministre des Affaires étrangères, Alpha Barry, qui a réitéré la disponibilité du gouvernement à soutenir le comité international afin que le Burkina Faso ait un mémorial « digne de ce nom et qui soit à la hauteur du capitaine Thomas Sankara ».
« Nous sommes fiers de cette statue »
« Nous ne sommes pas fermés à ce que des Coréens, des Chinois ou d’autres nationalités puissent nous appuyer pour qu’on ait des statues de meilleure qualité. Ce n’est pas exclu. Mais pour l’instant, nous sommes fiers de cette statue et nous l’assumons », a laissé entendre Luc Damiba, secrétaire général du CIM-TS. Il a également rappelé que cette statue, qui est une contribution du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme, n’a pas été réalisée avec l’argent de la souscription nationale pour la construction du mémorial. La réalisation et l’installation de la statue et des douze bustes a coûté 150 millions de francs CFA.
En attendant que les autres infrastructures de ce gigantesque projet sortent de terre, Pierre Ouédraogo pense que cette statue marque le début d’une époque, après l’assassinat de Thomas Sankara au Conseil de l’entente, lieu qu’il a visité pour la dernière fois, le 16 octobre 1987. « Cette statue va permettre à la jeunesse africaine de se souvenir de ce grand homme dont tous les discours sont d’actualité et peuvent servir de guide pour les générations futures », a conclu l’ancien secrétaire général national des Comités de défense de la révolution.
Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net