Tchad : Un symposium national pour anticiper, comprendre et agir contre les inondations

0
21

Il s’est tenu le 16 juin 2025 à N’Djamena, avec pour thème « Construire la résilience aux inondations : anticiper, comprendre, agir ». Le Tchad, comme tous les pays du monde entier, fait face aux changements climatiques, ce phénomène qui chamboule toutes les prévisions et les données météorologiques et qui cause d’énormes dégâts sur l’environnement dans le monde entier. A l’orée de la saison des pluies qui est déjà présente dans le pays, trois organisations de la société civile ont pris l’initiative d’organiser un symposium pour parler des inondations que les populations redoutent en cette période.

« Ce symposium est une réussite, parce que pour la première fois, l’Etat du Tchad, les chercheurs, les ONG et plusieurs composantes qui œuvrent contre les inondations ont été mis ensemble pour réfléchir sur cette problématique. Nous espérons que cette concertation multi-acteurs sera positive pour tous.», s’est réjouie à la fin des travaux Cécile Petitdemange, chercheuse-associée à l’organisme Bucofore, co-organisateur du symposium en compagnie de l’ONG Medev et de Tchad Prospective. Une projection d’un film documentaire montrant les ravages, les conséquences et les dégâts des inondations dans la ville de N’Djamena en 2024, a été effectuée. Les participants ont visionné avec un sentiment mélangé d’angoisse, d’anxiété et de peur.

Inondations au Tchad, une menace croissante

Passée l’étape des discours dont celui de Frédéric Doumdé (le secrétaire exécutif de l’ONG Medev), qui a adressé les mots de bienvenue aux participants, trois panels ont meublé les travaux. L’analyse des études sur la gestion des inondations au Tchad, démontre que les inondations dans le pays sont une menace croissante, à cause des changements climatiques, d’une urbanisation informelle, non planifiée et anarchique, des zones à risques non maitrisées, d’une présence de bassins hydrologiques sensibles, du faible entretien des infrastructures et de leur défaillance, d’une coordination inégale, d’un système d’alerte faible, d’un cadre juridique existant mais jamais appliqué en la matière. Alors il est recommandé d’appliquer le plan d’urbanisation, d’investir dans le drainage et l’assainissement, de mettre en place une alerte précoce et d’intensifier la sensibilisation ; afin de sécuriser les populations.

« Connaitre pour informer et prévenir » ; c’est le thème du premier panel qui a réuni géographe, ingénieur, urbaniste et architecte. Le deuxième panel avait pour intitulé « Agir pour réduire et gérer les risques ». Il a réuni les représentants des administrations étatiques travaillant sur le sujet des inondations. Le dernier panel « S’auto-organiser pour s’adapter », a été développé par les acteurs du terrain, les ONG qui travaillent avec les populations avant, pendant et après les inondations.

Les recommandations qui en ont découlé et qui s’adressent à la fois aux autorités, aux techniciens et aux populations sont les suivantes : une forte volonté politique est nécessaire ; la mobilisation des ressources ; la mise en place d’un document de stratégie sur une période d’au moins dix ans ; travailler à réduire la vulnérabilité des zones à risques ; créer des bassins de rétention afin de trouver des solutions de cohabitation avec l’eau qui abonde et qui est une bénédiction ; penser comment construire dans les zones inondables ; sensibiliser, éduquer, impliquer les populations dans la problématique des inondations ; définir clairement le rôle de chaque institution ; mettre en place une stratégie de communication efficace ; le renforcement de l’observation hydrométéorologique ;

l’amélioration de la gestion de l’eau par des aménagements en fonction des usages ; mettre des mécanismes post-inondations/catastrophes pour éviter diverses conséquences négatives liées à ces phénomènes ; opter pour la solution verte qui consiste au planting des arbres qui absorbent beaucoup de déchets et empêchent de contracter des maladies ; encourager les actions citoyennes de secours formels et de sensibilisation des populations.

Le mot de la fin est à mettre à l’actif du maire de la ville de N’Djamena, Sénoussi Hassane Abdoulaye. Il a adressé les mots d’encouragement pour l’organisation de ce symposium ; une initiative qui tombe à pic car la « saison des pluies est déjà présente » Il a indiqué que la mairie de N’Djamena a déjà organisé une consultation citoyenne dans ce sens, et qu’elle jouera pleinement sa partition afin d’endiguer le phénomène d’inondation.

Pour la circonstance, le projet Pilier – qui consiste à curer les caniveaux – est là pour le démontrer. Le maire a souligné qu’un comité national (regroupant plusieurs administrations) a été mis en place afin de faire face aux inondations, car il faut agir en amont, pour plus d’efficacité par une approche intégrée. « La mairie sera très attentive aux recommandations du symposium » ; a-t-il conclu.

Serge HENGOUP