Tchad : les journalistes à l’école de leurs droits et devoirs

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A l’initiative du Réseau des journalistes reporters du Tchad, les professionnels des médias ont renforcé leurs capacités à la lumière de la législation en vigueur sur la liberté d’expression les 24 et 25 avril 2025 à N’Djamena.

Sous le thème « La législation relative à la liberté d’expression et d’opinion au Tchad », le Réseau des journalistes reporters du Tchad (RJRT) a réuni une trentaine de journalistes tchadiens dans les locaux de la Radio FM Liberté les 24 et 25 avril dernier.

Cette session de renforcement des capacités visait à rendre beaucoup plus concrètes les actions du RJRT qui oscillent notamment entre la formation et les conférences-débats. En effet, depuis sa création en 2015, le RJRT ne ménage aucun effort dans le but de doter les journalistes des outils nécessaires et indispensables en vue leur professionnalisation, pour une pratique honorable du plus beau métier du monde et de leur perfectionnement.

A ce jour, plus de 400 journalistes tchadiens ont déjà bénéficié des services du RJRT et ont participé à leurs diverses activités sur l’ensemble du territoire national.

« J’ai beaucoup appris en ce qui concerne la notion de liberté d’expression, les droits fondamentaux des journalistes en particulier et des hommes en général. J’ai également été édifiée sur les astuces pour la protection de mes données, notamment en ligne ; sur comment identifier un discours de haine et y faire face dans le traitement de mes articles », raconte Laetitia Nanalmadine, journaliste à la Radio Arc-en-ciel.

Comme elle, plusieurs autres journalistes présents pendant la durée de cette session de formation à la Salle du 27 Novembre 2020 (nom donné à cette enceinte à la suite de l’arrestation de près de 70 personnes, dont trente journalistes dans la matinée du vendredi 27 novembre 2020, au cours d’une descente des policiers) ont certifié de la bonne qualité des enseignements et des retombées qui en découleront dans leur carrière. Hervé Tebyo Sadiga, journaliste au Mirador dit en substance :

« Cette formation est un plus qui m’a éclairé sur les interdits et autorisations des journalistes, notamment dans le domaine de l’investigation. Comment faire la collecte des données, vérifier leur fiabilité avant de les publier. Comment éviter d’être soi-même victime de vol d’informations et des données, comment mieux protéger sa vie privée »

Déontologie, éthique et responsabilité guident le travail du journaliste

Comment pouvait-il en être autrement, puisque les panélistes choisis pour la circonstance sont des spécialistes dans leur domaine. Le panel concernant la « Loi sur la liberté d’opinion et de presse : le cadre institutionnel et le cadre juridique » a été exposé par maître Franklin Djekadoum, avocat au barreau de N’Djamena et chargé des droits de l’homme. Le juriste a notamment sérié la panoplie des nombreuses restrictions légales à la liberté d’expression et des restrictions d’ordre politique en République du Tchad.

Le deuxième panéliste de cet atelier de formation a été Saturnin Asnan Non-Doum. Enseignant de journalisme et manager d’une boite de communication, il a présenté avec brio le thème intitulé la « Liberté de presse et les réseaux sociaux dans la pratique du journalisme ». Phénomène universel qui échappe à un contrôle objectif et à un suivi régulier, « les réseaux sociaux sont un espace ouvert où les fléaux abondent, notamment la cybercriminalité ou le cyberharcèlement », a estimé le journaliste de formation.

Les journalistes, comme tous les autres citoyens, n’y échappent malheureusement pas. Cependant, pour y faire face de manière efficiente et durable, la cybersécurité et la cyberdéfense sont des actions que mènent les Etats – que le conférencier conseille également aux journalistes – pour contrer ces criminels des TIC.

En détaillant quelques conseils pratiques pour se prémunir de ces fléaux qui gangrènent le monde de nos jours, il a souligné que l’Etat du Tchad a intégré dans la constitution de la Cinquième République des lois visant à la protection des journalistes dans l’exercice de leur travail. Le journaliste qui enfreint malheureusement la loi se voit obligé de subir les peines encourues par rapport à l’infraction commise.

Le journaliste qui est un professionnel de l’information au service de son public, doit d’abord être guidé par la déontologie (toujours vérifier les informations avant de les publier), l’éthique (respecter le droit de réserve selon la légalité) et la responsabilité (l’information à publier est-elle nécessaire ou pas) avant la publication d’un post sur les réseaux sociaux.

Nathan Leubnoudji Tah, le Secrétaire exécutif du RJRT et Vice-Président de l’Union des journalistes du Tchad (UJT) a clos la série des panels en évoquant les « Discours de haine ». D’emblée il dira qu’ils ne sont pas « respectueux des droits de l’homme » Par des exemples concrets et précis, il a indiqué que prévenir les discours de haine doit être le leitmotiv des journalistes qui ne doivent en aucun moment les relayer, sous peine de tomber sous le coup du délit de presse.

La voie à suivre, va-t-il conseiller aux confrères, est de déconstruire les discours de haine à travers l’éducation de masse, véritable contrepoids de ce phénomène inquiétant, surtout en prêchant par le bon exemple.

                                                                                             Serge HENGOUP