Pour maintenir en vie la musique tchadienne, en pleine crise sanitaire liée au coronavirus, des concerts sans public sont organisés chaque weekend à N’Djamena. Ces spectacles retransmis sur les réseaux sociaux sonnent comme un acte de résistance face aux effets de la pandémie.
En vingt-six ans de carrière, Abdoulaye Nderguet ne se souvient pas avoir connu un tel concert. Des sièges vides et des techniciens assis au premier rang. Un décor digne d’une séance de répétition. Seul sur scène, le chanteur tente d’émerveiller les followers de l’Institut français du Tchad (IFT) qui suivent l’évènement en direct sur les réseaux sociaux. Au rythme des musiciens, le jazzman lève le ton dans un lieu déserté par contrainte.
Mi-mars, la fermeture des salles de spectacles pour la lutte contre la propagation du coronavirus a contraint l’IFT à suspendre ses activités. Cette mesure barrière a pesé lourdement sur le monde culturel tchadien. D’une part, les mélomanes privés des concerts live et d’autres part, les artistes manquent d’une source de revenus. L’IFT est la seule structure au Tchad qui verse un cachet d’environ 200.000 francs CFA chaque weekend aux artistes après un concert. Un fonds qui est jugé indispensable pour beaucoup des artistes. Pour assouplir la situation, l’Institut programme des « Concerts web » sans public depuis le début du mois d’avril. Une véritable bouffée d’oxygène pour ce secteur dévasté par les conséquences de la crise sanitaire de Covid-19.
« C’est un combat d’existence » relève Abdoulaye Nderguet sans détour. « Nous sommes la plus grosse victime de cette pandémie. Aujourd’hui, tout peut reprendre sauf les spectacles jusqu’à nouvelle ordre. Dieu merci, grâce à ces « concert web » on arrive à payer un sac de riz pour la maison » confie l’artistesans gêne.
Tchadinfos