Soucieuses de veiller à l’organisation des élections harmonieuses, transparentes et inclusives au Tchad, des acteurs de la société civile ont validé une charte visant à accélérer le plaidoyer pour les réformes électorales.
A la suite de la Transition au Tchad et l’organisation des diverses élections qui ont instauré la Cinquième République, une dynamique citoyenne s’est mobilisée et a conduit un groupe d’organisations de la société civile (OSC) à initier la mise en place d’une coalition nationale pour renforcer la concertation, le plaidoyer et l’action commune. Ces OSC, au nombre de 19, se sont réunies les 25 et 26 septembre 2025 à N’Djamena et ont validé la création d’une charte de la CRET (Coalition pour les réformes électorales au Tchad).
Cette initiative a été encouragée, encadrée et soutenue par l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA) dans le cadre du projet ACTE (Appui aux Acteurs Citoyens Tchadiens et aux Elections), qui bénéficie du soutien financier de l’Union européenne.
Le processus a commencé au mois de mai dernier, au cours duquel un atelier de capitalisation et de mutualisation des recommandations issues des missions d’observation électorale a permis d’harmoniser les propositions formulées par diverses organisations. Une étape qui a abouti à la compilation et à l’élaboration de 68 recommandations présentées aux institutions et aux acteurs politiques.
Validation de 20 recommandations
Plusieurs séances travail plus tard ont permis de favoriser concrètement la mise en place des mécanismes fondateurs et stratégiques visant à l’adoption d’une charte constitutive en vue de la création officielle de la plateforme. Les participants, au cours des deux jours de travaux ont « validé et adopté la charte constitutive de la CRET ; validé les 20 recommandations prioritaires issues des missions d’observation électorale ; discuté et approuvé la stratégie de la CRET ; examiné et validé la feuille de route opérationnelle ».
Davantage, les 20 recommandations (qui sont relatives au cadre juridique et institutionnel ; aux opérations électorales ; aux médias et réseaux sociaux ; et au code de conduite des partis politiques) ont été hiérarchisées pour le plaidoyer. La stratégie de la CRET a été adoptée comme cadre de référence, ainsi que la feuille de route qui a été approuvée ; incluant notamment la participation aux travaux de la Commission parlementaire chargée des amendements sur le Code électoral. Tout ceci a obéi à une méthodologie axée sur la discussion et aboutissant à un consensus. Ce qui, au final, a conduit à la signature de la charte par les OSC parties prenantes dont la vocation est d’œuvrer et de contribuer au domaine électoral.
Avec trois hommes et deux femmes, le bureau de la CRET constitué afin de mener des actions auprès des cibles choisies pendant les travaux, respecte la promotion du genre. Hélène Nanette Pékou qui a été désignée par ses pairs pour occuper le poste de Secrétaire technique, a un mandat d’un an non renouvelable. Coordinatrice du Réseau des jeunes femmes et filles leaders au Tchad (REJEFFT), elle sera accompagnée dans sa tâche par les responsables des organisations suivantes : Vision Conscience Africaine (VICA), Droit de l’homme sans frontières (DHSF), Plateforme le Tchad d’abord, Centre Africain pour la Paix (CAP).
Les cinq leaders associatifs se sont déjà mis au travail en vue de planifier les premières rencontres de travail avec les cibles de leurs actions de plaidoyer. En clôturant les travaux, Grâce Isselé, la chargée des programmes de EISA leur a dit de « faire preuve de beaucoup de patience dans leur travail de plaidoyer, car c’est une activité de longue haleine ». Elle n’a pas manqué de souligner à leur intention que la CRET sera toujours soutenue par EISA. Une nouvelle qui a réjoui les uns et les autres et certainement motivé les ardeurs du groupe en vue de leur mission.
Ils/ Elles ont dit…
Nanette Hélène Pékou (Secrétaire Technique de la CRET) : « c’est un honneur de diriger le secrétariat technique de la CRET. Mon élection en tant que jeune et femme à la tête d’une équipe composée des aînés dans divers domaines socio-professionnels, et surtout d’experts en matière électorale, est une preuve suffisante que le genre est respecté au Tchad. Nos voix dans la promotion du leadership féminin et de la jeunesse, sont écoutées.
J’ai toujours désiré occuper une position ou souhaité avoir une opportunité de mettre ma compétence et mon expertise au service de la nation afin d’influencer les politiques publiques pour le bien-être de tous. Je suis fière de ma contribution à travers mon engagement citoyen. Mes perspectives pour mon mandat à la tête de la CRET ; c’est de travailler avec mon équipe en respectant la feuille de route initiale en vue de la réussite de notre mission. Tout en étant à l’écoute de EISA, des cibles, des potentiels partenaires et de bien communiquer avec les médias sur nos différentes actions ».
Dominique Fri (Président Vision Conscience Africaine) : « Je rends grâce à Dieu et remercie EISA pour la confiance placée en nous à travers ce projet. Je réaffirme mon engagement et je prends la mesure de la tâche qui m’attend en tant que membre de la CRET. Merci aux collègues qui ont porté leur choix sur moi. Je reste disposé à apporter toutes les contributions pour la réussite de la mission qui est la nôtre ».
Gisèle Moléel Liouda Marcous (Coordinatrice du Centre Africain de la Paix) : « Cet atelier a été à mon avis riche en discussions et en contributions, d’ailleurs, assez pertinentes. Etant un cadre bien pensé, il a permis, après échanges et débats contradictoires conséquents et pertinents, de nous approprier de la charte de la CRET, ensuite de l’adopter ; d’adopter les recommandations issues de la Mission d’Observation Electorale (MOE) revues ainsi que la stratégie et la feuille de route de la CRET. Je suis très satisfaite de cet atelier qui nous a permis d’avancer concrètement sur cette phase postélectorale dédiée au plaidoyer.
Ce grand pas très important franchi, non seulement booste pour une action concertée, inclusive et efficace, mais interpelle fortement et incessamment à lancer la phase du plaidoyer vu que le contexte socio-politique, malgré qu’il soit complexe, s’y prête fortement ; surtout dès lors qu’on considère la brèche ouverte avec les différentes réformes entamées par les décideurs, actuellement en cours, au niveau du parlement. Je tiens donc à remercier l’EISA-Tchad pour son accompagnement et son appui technique admirable et vraiment fructueux ; qui nous a toujours porté vers l’excellence dans les différentes phases de la MOE ; ensuite, j’exprime ma gratitude à l’Union européenne pour son appui financier sans lequel on n’aurait pu tenir cette rencontre importante ».
Arthur Ali N’Guetel (Coordonnateur de l’OAPET) : « La mise en place d’une coalition visant à mener des réformes électorales au Tchad est une réflexion murie des acteurs de la société civile qui ont participé à diverses élections et proposé des recommandations à la suite de leurs missions d’observation électorale. Au cours de cette rencontre, nous avons installé une équipe qui va faire du plaidoyer auprès des décideurs impliqués dans les domaines adéquats afin de rendre plus concrètes des recommandations prises en compte pour favoriser l’organisation prochaine des élections inclusives et participatives ».
Serge HENGOUP