Le président sortant de l’Union des Comores a recueilli 60,7% des suffrages valablement exprimés à l’issue d’un scrutin crédible et transparent tenu le 24 mars dernier. L’opposition a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne reconnaît pas ces résultats. Les Comoriens retourneront aux urnes ce 21 avril pour le second tour.
Quarante-huit heures après la clôture du scrutin, le président de la Commission électorale (CENI), Djaza Ahmed Mohamed, a proclamé la victoire haut la main du chef de l’Etat sortant, Azali Assoumani, 60 ans, crédité de 60,77% des suffrages. A la tête du pays de 1999 à 2006, réélu en 2016, le colonel à la retraite et ex-putschiste a littéralement écrasé ses douze rivaux. Mauvais perdants, ils dénoncent un scrutin entaché d’irrégularités et rejettent la main tendue du président élu.
«Pour nous, il n’y a pas eu d’élection dimanche, il y a eu un coup d’Etat», a répété Mugni Baraka Said Soilihi, classé troisième du premier tour. «Le régime Azali a préparé son hold-up avec minutie mais c’était trop gros, les urnes bourrées ont été découvertes», a raillé le porte-parole de l’Union de l’opposition, Moustafa Saïd Cheikh, qui souhaite de tous ses vœux que «la communauté internationale ne reconnaisse pas cette mascarade». Cette exhortation ne pourra guère prospérer d’autant plus que la communauté a reconnu la victoire nette et sans bavure du président sortant.
L’appel du président élu
La frustration dans le camp des perdants contraste avec la joie sans retenue des vainqueurs, qui parlent de la victoire du peuple comorien. «Nous sommes là pour remercier Dieu et les Comoriens pour m’avoir donné la chance de reprendre les commandes de ce pays. Vous avez choisi le changement, nous irons vers l’émergence. Nous étions quatre et il reste deux. Votez Farouata et Fazul au deuxième tour, pour qu’ensemble nous construisions notre pays», s’est exprimé le président élu devant les partisans de l’Alliance de la mouvance présidentielle (AMP) et ses nombreux supporters euphoriques, massés devant l’hôtel le Retaj, à Moroni.
Le candidat de l’AMP à la présidentielle a convié les leaders de l’opposition à rejoindre son équipe pour construire les Comores. «Ce pays nous appartient et c’est à nous de le construire. Soyons unis et bâtissons les Comores ensemble», a-t-il lancé.
Le directeur de campagne des candidats de la Mouvance, Houmed Msaidie, comme le secrétaire général de l’AMP, Ali Mliva Youssouf, ont fait part de leur satisfaction. L’ancien ministre de l’Intérieur a insisté sur le respect de l’Etat de droit. «Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités pour maintenir l’ordre publique. On ne peut pas faire ce qu’on veut et quand on veut dans ce pays.
Le gouvernement doit être ferme sur les questions de sécurité et de l’intégrité du pays», a avancé Houmed Msaidié, appelant le président Azali Assoumani à prendre les mesures nécessaires contre «tous ceux qui oseront semer le désordre dans ce pays».
Comme le président Azali, le directeur de campagne de l’AMP a invité tous les grands Comoriens qui ont voté pour Azali Assoumani à élire Mhoudine Sitti Farouata au second tour le 21 avril prochain.
Le satisfécit du gouvernement
Le ministre de l’Intérieur, aux côtés du directeur des élections, Mbaé Toimimou, a tenu une conférence de presse le 27 mars, pour dresser le bilan du premier tour de l’élection présidentielle et des gouverneurs des îles autonomes, qui a eu lieu le 24 mars. Mohamed Daoudou a tenu à saluer le travail effectué par l’ensemble des acteurs du processus électoral, qui a permis pour la première fois au pays de tenir les «élections les plus transparentes jamais organisées». Mohamed Daoudou a félicité tous les candidats, les partis politiques et le cadre de concertation pour leur participation, et les a félicités pour avoir réussi.
Le ministre a adressé une mention spéciale à la presse nationale et étrangère, pour leur comportement et leur travail tout au long du processus, et pour le temps d’antenne et d’espace accordé à tous les candidats quelles que soit leurs affiliations politiques. Le ministre félicitera également les forces de l’ordre «pour leur professionnalisme».
«Elles ont sécurisé ces élections et permis son déroulement sans incidents majeurs», a souligné Mohamed Daoudou adressant, par cette même occasion, les remerciements du gouvernement à la population comorienne, «qui a encore une fois démontré sa maturité politique et permis au double scrutin du dimanche de se dérouler dans la paix et la stabilité».
Reconnaissance internationale
Le ministre remercie en outre les observateurs nationaux et internationaux qui ont assisté à ce double scrutin du dimanche 24 mars, et a salué les efforts du gouvernement qui, pour la deuxième fois après le référendum, a réussi à financer des élections avec des fonds propres du contribuable comorien.
La crédibilité et la transparence du scrutin du 24 mars dernier ont été confirmées par des rapports de nombreux observateurs internationaux, dont la mission d’observation électorale de la Ligue arabe, la mission conjointe de l’Union Africaine, du Comesa et de l’East (Africa Standby Force).
On n’est donc pas étonné de l’avalanche des messages de félicitations adressés au président élu. Entre autres, la lettre de félicitations du souverain des Emirats Arables Unis, Sheikh Khalifa, celle du vice-président, Sheikh Mohammed Ben Rachid et celle du prince héritier d’Abu Dhabi, Sheikh Mohemmed Bin Zayed Al Nahyan.
Richard KENMOGNE