L’Union africaine a suspendu le Soudan du Sud. Le pays a ainsi perdu jusqu’à nouvel ordre le droit de participer aux réunions de l’institution. En cause, le non-paiement de plus de neuf millions de dollars de contributions financières.
Le Soudan du Sud ne pourra désormais plus participer aux votes au sein de l’Union africaine (UA). L’institution a en effet suspendu la semaine dernière, le droit de Juba de participer à ses activités.
Selon l’ambassade sud-soudanaise près l’UA, cette sanction est due au non-paiement des contributions financières du pays depuis au moins trois ans. Au total, plus de 9 millions $ d’arriérés ont été accumulés.
Cette situation « grave et honteuse » selon plusieurs diplomates intervient dans un contexte particulier de fragilité économique et sécuritaire du Soudan du Sud. Malgré une production pétrolière de plus de 165 000 barils par jour, le plus jeune Etat du monde est également l’un des plus pauvres de la planète. La guerre civile meurtrière qui déchire le pays depuis 2013 et la corruption endémique au niveau de l’Etat sont généralement admises comme les principales causes de son appauvrissement.
En octobre 2019, la Communauté est-africaine a failli suspendre Juba à cause d’une dette frôlant les 30 millions de dollars. Deux mois plus tard, le gouvernement sud-soudanais a dû rembourser en urgence trois millions de dollars pour continuer à participer aux réunions de l’institution.
Si les autorités mettent en cause le non-versement des aides promises par les bailleurs de fonds étrangers, plusieurs observateurs accusent l’Etat d’utiliser une grande partie de ses revenus pour financer sa « guerre des clans ». Dans un rapport paru en 2018, le groupe Sentry a indiqué que « plus de 80 millions de dollars ont été versés […] à des responsables militaires, à des organismes gouvernementaux […] du Soudan du Sud qui […] ont été payés pour des services tels que le transport et la logistique militaires ».
Selon Hakim Edward, l’un des porte-parole du ministère sud-soudanais des Affaires étrangères, des efforts sont en cours pour « régulariser la situation et se coordonner avec le ministère des Finances pour résoudre ce problème avec l’Union africaine ainsi que d’autres organisations ».
Moutiou Adjibi Nourou