Kabuga, «financier» présumé du génocide du Rwanda veut être jugé en France

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Félicien Kabuga, le « financier » présumé du génocide rwandais, arrêté en banlieue parisienne, samedi 16 mai, 2020, a comparu le mercredi 20 mai pour la première fois devant la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris qui doit se prononcer sur son éventuel transfert devant la justice internationale, afin qu’il y soit jugé pour « génocide » et « crimes contre l’humanité ».

À la demande de ses avocats, l’audience a été renvoyée au 27 mai, la semaine prochaine. La comparution a donc été très brève. Mais elle a permis d’apprendre que Félicien Kabuga s’oppose à son transfert devant la justice internationale. Il souhaite être jugé en France. À son entrée dans la salle d’audience, ses proches se sont levés pour lui lancer des mots d’encouragement. Félicien Kabuga, les a salué de la main. Il comparaît en chaise roulante.

D’une voix faible, il a indiqué avoir 87 ans et non 84 comme mentionné dans son mandat d’arrêt. Il semble impassible à la lecture des chefs d’inculpation retenus contre lui. Puis il fait savoir par la voix de l’un ses avocats, maître Laurent Bayon, qu’il s’oppose à son renvoi devant la justice internationale : « Nous souhaitons, y compris pour sa santé, y compris pour les conditions dans lesquelles il sera amené à être jugé, à ce qu’il soit jugé en France et c’est son souhait. Notre client ne va pas bien, il a vraiment des difficultés, y compris à comprendre ce qui lui est reproché. Et pour cela, nous allons demander une expertise extrêmement rapidement dans de très brefs délais. »

Puis l’avocat accuse le parquet de « précipiter » le calendrier dans le but de se « débarrasser » de Félicien Kabuga, au plus vite. Il demande le renvoi de l’audience sous huit jours et l’obtient. Et en appelle au respect de sa présomption d’innocence, violée selon lui : « Le procureur général et la gendarmerie nationale se sont félicités le 16 mai, le jour de son arrestation, en disant que notre client était « génocidaire ». Monsieur Kabuga n’a pas été jugé ! »

Au moment de quitter l’audience, toujours aidée par une escorte de la gendarmerie, Félicien Kabuga lève les mains et le poing en direction de ses proches dont l’un de ses fils. Une fois que l’audience se sera tenue, la cour d’appel de Paris aura quinze jours pour se prononcer sur la validité du mandat d’arrêt émis par le Mécanisme, la structure chargée d’achever les travaux du Tribunal international pour le Rwanda et décider de l’y transférer. Le cas échéant, le mandat d’arrêt prévoit que le procès se tienne à Arusha, mais la procureur a souligné hier qu’en raison de la crise sanitaire en cours, il n’était pas exclu que Félicien Kabuga soit, dans un premier temps au moins, envoyé à La Haye.