La saisine par correspondance datée du 08 mai 2017 du sous-préfet de l’arrondissement de Bamendjou, dont dépend Bahouan, par Albert Dzongang, élite dudit village, a littéralement mis le feu aux poudres. Ce dernier s’insurge contre le mode de financement des projets de développement initiés par le chef supérieur, par l’entremise de la Réunion pour le développement de Bahouan (Redeba).
Autant Albert Dzongang reconnaît le bien-fondé des actions de développement portant la signature du Redeba, autant on comprend néanmoins mal qu’il y voit plutôt des manœuvres illicites, tout au moins en ce qui concerne le financement de celles-ci, adossé sur la perception d’une contribution obligatoire des populations villageoises, pourtant économiquement importantes. Un argument pertinent qui, malheureusement, prend des allures d’exagération du litige l’opposant de tout temps au chef supérieur de Bahouan, Jean Faustin Ndassi Nekam.
En effet, tenant à tirer parti de ce qu’il suggéra au gouvernement l’annulation pure et simple de l’impôt libératoire fixé respectivement à 4 000 et 2 000 F Cfa/an pour les hommes et les femmes, Albert Dzongang pensait y asseoir son rayonnement politique, en ralliant à sa cause les populations qui en ont bénéficié. Aussi, voit-il en les contributions au Redeba comme un maintien en secret dudit impôt par le chef supérieur, tant lesdites contributions épousent les mêmes taux que cet impôt libératoire.
Plus grave, dénué de toute traçabilité de l’avis d’Albert Dzongang, il devient difficile d’apprécier à sa juste valeur la dévolution des fonds ainsi collectés auprès des populations villageoises, quand bien même ceux-ci ont permis la réalisation de nombreux projets de développement. Mais loin d’y voir quelque dynamisme de la part du Redeba et conséquemment du chef supérieur Bahouan, il y voit plutôt quelque artifice savant de ce dernier, pour s’assurer l’entretien de la chefferie en puisant à fonds perdus sur la caisse ainsi constituée par ces contributions obligatoires.
Servile révolte
Analyse faite, on en vient plutôt à voir en les critiques d’Albert Dzongang une servile sédition, tant il est constant que le chef supérieur dispose de revenus réguliers qui peuvent largement assurer la couverture des charges d’entretien qu’il évoque pour essayer de le mettre à faux, vis-à-vis des populations. Surtout que si d’aventure elles voyaient leurs contributions versées au Redeba et allouées au financement d’actions socioéconomiques prendre d’autres directions, elles n’auraient pas manqué de le décrier. Or, en la matière et tenant à rendre vraisemblables ses insinuations, le même Albert Dzongang n’a pas hésité d’évoquer des plaintes verbales qui, bien évidemment, ne sauraient constituer de preuves irréfutables de ses allégations plutôt aux relents d’artifices.
A preuve, dans la foulée il n’a pas hésité de faire état de ce qu’il fonde lesdites affirmations sur de simples rumeurs, en utilisant des termes révélateurs : «il se raconte que…». Toutes choses qui, venant du politique qu’il est par ailleurs, ne peuvent qu’altérer dangereusement sa crédibilité induite. Mais faisant fi de telles considérations, l’homme croit enfin tenir le bon bout à l’encontre du chef supérieur à qui il voudrait absolument attribuer les motifs de trafic indu de fonds, doublé de confiscation des terres d’autrui en son temps, parlant des vastes étendues de terre où il a érigé une exploitation agricole qui, selon le même Albert Dzongang, ne lui appartiendrait guère. Pourtant, ses riverains, ou toute autre personne, n’ont dénoncé l’exploitation desdites terres par le chef supérieur Bahouan, si ce n’est Albert Dzongang.
Malveillantes insinuations
En somme, autant il est avéré qu’il est loin de s’agir d’extorsion indue de fonds, autant l’élite de Bahouan, Albert Dzongang, voudrait néanmoins s’y arc-bouter en optant pour des exemples marginaux de populations vivant dans le dénuement. Sinon, pourquoi évoquer simplement des femmes dont la capacité d’épargne n’excéderait guère 10 000 F Cfa/an pour essayer d’amplifier l’incidence d’un délestage de 2 000 F Cfa pour lesquels elles bénéficient pourtant de prestations que cette somme ne saurait véritablement financer ?
C’est donc dire qu’il s’agit de dénonciations ou récriminations faites à dessein, non pas pour perpétuer la dynamique solidaire implémentée par le chef supérieur Bahouan, mais pour fragiliser ce dernier et trouver en filigrane des tares au gouvernement qu’il dit responsable du développement dudit village. C’est depuis au moins 50 ans que les Bahouan contribuent au développement de leur village, alors sous le règne de SM Nenkam Feu Feugaing Frédéric.
Il faut retenir, selon une source bien introduite, que Albert Dzongang n’a pas contribué aux actions de développement depuis au moins 25 ans. Alors question, y aurait-il du mal que des populations villageoises se prennent en mains au travers d’une association ou réunion pilotée par leur chef ? Cette question pertinente, Albert Dzongang ne se la sera très certainement pas posée pour se laisser aller ainsi aux insinuations malveillantes à l’encontre du chef supérieur Bahouan tout en espérant alimenter quelque controverse autour du financement des projets de développement qu’il implémente dans son territoire de commandement. Et si personnellement il n’en voit pas le bien-fondé, libre à lui de ne point y contribuer, mais de là à vouloir l’ensemble des populations de ce village à la vision qui est la sienne, serait simplement un détournement de la conscience collective. Mais y parviendra-t-il ?
Babine Nsoa