Coupe du Monde de football 2026 : une dévastation annoncée pour le climat

0
6

Selon une étude scientifique britannique, la Coupe du Monde de football prévue l’année prochaine aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique générera plus de 9 millions de tonnes équivalent de CO2 ; faisait de cette édition celle la plus polluante de l’histoire. Des solutions à envisager existent pourtant pour sauver la planète.  

A titre de comparaison, la Coupe du Monde de football organisée au Qatar en 2022 avait généré 5,25 millions de tonnes équivalent de CO2. Et même là, les organisations de la société civile engagées dans le climat, avaient tiré les oreilles de la FIFA à ce sujet. Parce que justement ses dirigeants, notamment Gianni Infantino le président, avaient annoncé une « Coupe du Monde carbone-neutre ». Une promesse non tenue !

C’est un fait indéniable. La Coupe du Monde de football, et les grands événements sportifs en général, ont un impact environnemental important, notamment en termes d’émissions de CO2 liées à divers facteurs tels que les transports, la construction d’infrastructures, la consommation d’énergie des stades… Celle qui aura lieu l’année prochaine aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, et qui réunira 48 équipes du 11 juin au 19 juillet, s’annonce comme la plus polluante de toute l’histoire de la compétition, et « la plus dévastatrice pour le climat ».

Cette déclaration est à mettre à l’actif des chercheurs de l’organisation britannique indépendante Scientists for Global Responsibility (SGR), dont la politique environnementale est d’apporter une réponse aux urgences climatiques et naturelles mondiales. Dans un rapport publié le 9 juillet 2025 et intitulé « L’angle mort climatique de la FIFA :

La Coupe du monde masculine dans un monde en réchauffement », SGR souligne que pour atténuer les risques climatiques, la FIFA doit : « Mettre fin aux partenariats commerciaux avec des entreprises très polluantes comme Aramco ; annuler la récente expansion du tournoi et mettre en place une limite contraignante sur le nombre d’équipes ; réduire les exigences minimales en matière de capacité des stades afin de réduire la construction de nouveaux stades ; établir des normes environnementales contraignantes au lieu de s’appuyer sur des engagements volontaires et introduire de nouvelles mesures pour réduire les risques et l’exposition aux impacts climatiques ».

Hausse drastique des émissions de gaz à effet de serre

En promettant d’augmenter le nombre d’équipes participantes à la Coupe du Monde de 32 à 48 lors de sa réélection au mois de février dernier – proposition validée et votée à l’unanimité par le Conseil de la FIFA en avril dernier – le président de l’instance faitière du football mondial, Gianni Infantino arguait que cette « réforme vise à donner plus d’exposition et plus de revenus à la compétition. Mais aussi, et surtout, à intégrer davantage de « petits » pays, qui vont voir leurs chances de participer au Mondial ».

Maintenant que c’est désormais acté, tout cela va engendrer des problèmes environnementaux graves pour la planète, notamment une hausse drastique des émissions de gaz à effet de serre à cause des déplacements multipliés à travers le vaste continent nord-américain. Car les déplacements des supporters et des équipes, souvent en avion, représentent une part importante des émissions de gaz à effet de serre.

En ce qui concerne les infrastructures, la construction ou la rénovation des stades et d’autres bâtiments vont générer des émissions liées à la production de matériaux et aux travaux. La consommation d’énergie est une donnée à prendre en compte, et pour cause, les stades, notamment ceux climatisés, consomment d’importantes quantités d’énergie, surtout que la compétition va se dérouler en été : une période de forte chaleur dans les pays concernés.

Il est sans ignorer que la Coupe du Monde de 2022 au Qatar a été particulièrement critiquée pour son impact environnemental, notamment en raison de la climatisation des stades. L’organisation d’un événement d’une telle ampleur génère des quantités importantes de déchets, dont une partie peut être difficile à gérer, et donc de créer des problèmes sur l’environnement.

Responsabiliser et faire payer davantage les pollueurs

Quelles sont les solutions pour le climat ? En termes de solutions ou d’amélioration des conditions pouvant favoriser un « carbone-neutre » comme le souhaite la FIFA, il faut favoriser les transports en commun, encourager le covoiturage et les déplacements à proximité des stades ; développer les énergies renouvelables ; utiliser des sources d’énergie propres pour alimenter les stades et les infrastructures.

En construisant lesdites infrastructures durables, choisir des matériaux de construction respectueux de l’environnement et concevoir des stades avec une faible consommation d’énergie. Dans la gestion des déchets de manière responsable, mettre en place des systèmes de tri et de recyclage efficaces ; sensibiliser le public en informant les supporters sur l’impact environnemental de l’événement et les encourager à adopter des comportements responsables ; adopter des pratiques de compensation carbone ; financer des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

En réalité, la Coupe du Monde de football est un événement qui a un impact environnemental considérable – d’ailleurs toute activité humaine a un impact environnemental plus ou moins négatif – mais des efforts peuvent être faits de part et d’autre, pour minimiser cet impact et rendre l’événement plus durable par des actes et non des discours ou slogans peu productifs.

Bien plus, c’est un secret de polichinelle : beaucoup de compagnies spécialisées dans les hydrocarbures et de compagnies aériennes – dont les effets destructeurs sur le climat sont avérés – sont associées aux activités de plusieurs institutions prestigieuses du football mondial, la FIFA y compris. Les mettre devant leurs responsabilités sur les dangers liés à leurs activités, surtout en leur faisant payer davantage de taxes – sauf que c’est peut-être là que le bât blesse le plus – serait une compensation assez raisonnable. Il urge à diverses instances de s’y atteler concrètement, en cessant bien entendu de faire la politique de l’autruche.

Serge HENGOUP