Personnalité politique de premier plan en Côte-d’Ivoire, Guillaume Kigbafori Soro alimente depuis peu toutes sortes de supputations sur son avenir. Supputations inhérentes à son activisme plutôt exacerbé, entériné aussi bien pour ses interminables tournées de par le globe que pour sa présence remarquée dans les réseaux sociaux et surtout son parcours politique plutôt atypique.
On lui attribue à tort ou à raison, le statut de bras séculier d’Alassane Dramane Ouattara sans que pour cela, ses convictions et surtout son loyalisme envers ce dernier prennent le moindre coup. Malgré les récriminations à son encontre venant des plus irréductibles adversaires de la formation politique sous la bannière de laquelle il a accédé au prestigieux poste de président de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire, ces convictions, toutes révélatrices de la sérénité qui est la sienne, ont fait de lui la deuxième personnalité de ce pays. Un pays qui peine à asseoir la réconciliation des siens, en raison de forts soupçons pesant sur ses dirigeants actuels, accusés à tort ou à raison d’instrumentaliser une justice des vainqueurs au sortir de la crise politique qu’a connu ce pays. Mais loin de s’y confiner, le pouvoir dont il est l’un des maillons forts a cru taire cette récrimination singulière en opérant, en un laps de temps, de formidables mutations socioéconomiques, question très certainement de tempérer les velléités de rétorsion des vaincus d’hier ; lesquels sont partisans plutôt nostalgiques de l’ère Laurent Gbagbo. Une ère marquée par une gabegie qui leur a conféré passe-droits et avantages indus. Du coup, le pilier du pouvoir qu’est inéluctablement Guillaume Kigbafori Soro a trouvé en la réconciliation le socle par excellence pour s’octroyer quelque virginité politique, non sans toiletter au passage l’image de chef de guerre que lui ont accolée volontiers ses adversaires ou ceux qui en tiennent lieu.
Offensive diplomatique tous azimuts
Si au plan local la réconciliation passe prioritairement par le désarmement et la resocialisation des ex-groupes d’autodéfense et des ex-forces de défense et de sécurité ne faisant plus partie des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), avec son mentor Alassane Dramane Ouattara, ils commettent l’Addr en s’imposant une offensive diplomatique tous azimuts auprès des partenaires de la Côte-d’Ivoire. En quelques mois, ce pays est redevenu fréquentable et draine conséquemment des investissements que met à profit le gouvernement pour implémenter divers programmes, notamment celui de l’Addr qui s’appuie sur un nouveau concept : la resocialisation. Et quand bien même il ne suffit pas de réinsérer les ex-combattants par le travail pour régler définitivement leurs problèmes et ceux de la société, les résultats obtenus ont permis aux politiques de disposer davantage de temps de manœuvre pour peaufiner le retour de la Côte-d’Ivoire dans le concert des nations. C’est une préoccupation dont s’est fait sienne les différents membres du gouvernement, mais aussi et surtout le président de l’Assemblée nationale dont la mission première est de traduire en actes concrets les aspirations légitimes des Ivoiriens sans exclusive. Bien évidemment, autant les expériences plutôt heureuses de réconciliation vécues au Rwanda et au Burundi au sortir des crises toutes aussi dramatiques que celle qu’a connu la Côte-d’Ivoire peuvent s’entendre un modèle, autant le déploiement diplomatique des membres du gouvernement se veut dynamique dans ce pays, ne serait-ce qu’à en juger par les pays arpentés par lesdits membres du gouvernement et assimilés et singulièrement par Guillaume Kigbafori Soro.
Attractivité économique
En mettant le plein épanouissement des Ivoiriens au cœur de ses préoccupations, le régime en place en Côte-d’Ivoire n’a pas lésiné sur les opérations de charme pour enrôler des investisseurs nouveaux dans ce pays. A preuve, entre 2012 et 2013, les investissements étrangers cumulés y sont passés de 220 milliards à 500 milliards de francs Cfa. De 25% aujourd’hui, la Côte-d’Ivoire veut porter d’ici six ans la part du secteur industriel dans le Pib à 40%. Toutes choses qu’elle fonde sur l’augmentation de l’apport du secteur minier dans le produit intérieur brut (Pib), grâce à des réformes structurelles sectorielles conséquentes. Pour ce faire, les compagnies minières devront participer au développement local en s’acquittant d’un montant précis dont le taux est fixé à 0.5% des recettes de ces dernières.
En somme, il s’agit de garantir à ces dernières la viabilité de leur activité qui exige des financements continus sur une période minimale de 10 ans, avant quelque retour d’investissement. Et même si tel n’est pas le cas pour le pétrole ou le gaz, cette attractivité induite de l’économie ivoirienne peut également s’articuler sur la diversité de ses ressources minières, notamment l’or, le manganèse, le diamant, le fer, le nickel et le cuivre même, étant entendu que seuls l’or et le manganèse sont extraits de manière industrielle. Un socle sûr probant au travers duquel Guillaume Kigbafori Soro peut progressivement infléchir les positions alors tranchées de certains irréductibles du précédent régime et altérer conséquemment les récriminations à l’encontre de celui dont il est l’un des piliers. Y étant toutefois, il ne perd pas de vue l’impératif de consolider la démocratie avec ce qu’elle comporte d’exigences minimales.
Promotion de la démocratie
Pour avoir subi les affres de la marginalisation et ce qui s’en est suivi, Guillaume Kigbafori Soro semble avoir fait de la promotion de la démocratie, son nouveau cheval de bataille. C’est ainsi qu’il a inscrit la sensibilisation de ses compatriotes à la culture démocratique, comme item prioritaire de son mandat, aidé en cela par l’ensemble de ses pairs députés de l’Assemblée nationale de Côte-d’Ivoire. Même si en filigrane d’aucuns y voient un savant artifice pour rallier davantage d’Ivoiriens à sa cause, il n’en demeure pas moins vrai qu’au-delà de l’ambition successorale qu’il peut valablement nourrir, il œuvre à sa manière à la promotion de la démocratie dont le déficit criard aura été à l’origine de la crise postélectorale qui a enlisé ce pays dans les travers, en y alimentant l’exacerbation du réflexe identitaire. Or, l’avènement d’une nation digne de ce nom s’accommode mal de telles réalités. Et même si par extraordinaire, Guillaume Kigbafori Soro voudrait y fonder quelque stratégie pour accéder au pouvoir suprême comme il se susurre de plus en plus, tout le mérite lui reviendra tant il est constant qu’il s’est préalablement approprié au mieux les spécificités du pays profond en essayant à chaque fois d’y adjoindre si ce n’est une ébauche de solution, une programmation de celle-ci.
Or, c’est bien sur de tels terrains que les populations attendent leurs élus et à plus forte raison, un président de l’Assemblée nationale. Et cela, Guillaume Kigbafori Soro l’a certainement compris lui qui a pour ce faire bravé l’adversité au point d’essuyer parfois des attaques qui portaient atteinte à son intégrité physique.
Au total, en payant au prix fort son engagement politique aux côtés d’Alassane Dramane Ouattara, non seulement il affirme une fois de plus sa loyauté vis-à-vis des institutions républicaines mais aussi celle visant le plein épanouissement effectif de ses compatriotes.
Gilles Peltier