Malgré la bataille de leadership qui l’oppose à Ndong Souhmet, le Mincaf a su rebondir pour damer littéralement le pion à son adversaire dans la Lekié en cette veille de la présidentielle, puisqu’il a été commis par le Chef de l’Etat à négocier avec Bello Bouba Maigari.
Le fait est loin d’être anodin pour passer inaperçu ce d’autant plus qu’il met en lumière les tractations occultes entre deux adversaires déclarés de la présidentielle à venir que tout semble par ailleurs éloigner : un président lâché par un de ses collaborateurs qui veut lui ravir la vedette. Seulement en politique, cette réalité est vite battue en brèche quand il vient de préserver l’essentiel qui, dans le cas d’espèce pourrait s’assimiler à la préservation de la structure de l’Etat puisqu’un autre collaborateur démissionnaire est plutôt aux antipodes de la vision unitaire partagée par Bello Bouba et Paul Biya. Surtout que ce qu’on a nommé problème anglophone pour parler de la crise sociopolitique qui sévit dans le Noso, continue de diviser l’opinion nationale quant aux méthodes choisies par le pouvoir en place pour y mettre un terme et restaurer au passage l’état de droit dans cette partie du territoire national où terreur rime avec exactions multiformes de part et d’autre. Dès lors, on ne saurait même pas du fait de la présidentielle essayer d’exacerber quelque volonté de partitionner le pays d’où qu’elle vienne ; afin de se présenter à l’opinion nationale comme une sorte de messie qu’on est pourtant loin d’être. A preuve, quand votre prédécesseur peut déclarer sans ambages que rien n’a changé dans un département ministériel tenu par un postulant à la magistrature suprême, on émet volontiers des réserves quant aux aptitudes réelles d’un tel postulant qui de surcroît dit porter le changement attendu des populations camerounaises. En fait, cette incursion permet de recentrer la politique en son contexte réel fait d’alliances, trahisons et démissions circonstancielles qui, qu’on le veuille ou pas, alimentent toujours les chaumières et salons feutrés dans la recherche du pourquoi ci et pas ça. Et, en homme de pouvoir, Bello Bouba sait certainement à quoi rime la loyauté et ne peut s’en défaire que de manière momentanée, sauf de croire qu’il ait un agenda caché qu’il dévoilera certainement après coup. Lui qui aura bénéficié des sollicitudes du pouvoir depuis son retour d’exil doré du Nigéria voisin, quand il reprit l’UNDP que feu Samuel Eboua avait porté de ses fonts baptismaux et en fit la seconde force politique nationale et ce, malgré le fort engouement populaire dont bénéficiait alors le SDF de NI John Fru Ndi.
Spéculations
Si l’évocation des négociations entre Biya et Bello a étonné certains, ceux-là ne devront en réalité que s’en prendre à eux-mêmes aussi longtemps qu’en politique rien n’est définitif à l’instar de ceux qui donnent partie gagnée à Issa Tchiroma Bakary pour avoir su rallier à sa cause une bonne frange de l’électorat fidèle à Maurice Kamto qui, sans le vouloir joue néanmoins les arbitres d’une consultation électorale à laquelle il est pourtant exclu. Somme toute, ces négociations viennent par ailleurs révéler qu’adversité ne saurait se muer en animosité entre hommes politiques surtout quand il y va de l’intérêt supérieur de la nation, selon l’expression consacrée.
Et dans cette veine, que certains hommes politiques aient essayé de transformer, le temps de la campagne électorale en champs de batailles perpétuelles, signifie simplement qu’ils n’ont guère compris au jeu politique fait de tolérances et compromis.
Jean Paul ONANA