Arrestation du PDG de Resolute : le Mali accentue la pression sur les producteurs d’or

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Quatre employés du canadien Barrick ont été arrêtés au Mali en septembre 2024, dans un contexte où le gouvernement accuse les compagnies minières de certaines infractions financières. Le Mali cherche à récupérer un manque à gagner pouvant atteindre 600 milliards FCFA (980 millions $).

L’australien Resolute Mining a confirmé dimanche 10 novembre l’arrestation de son PDG Terence Holohan, ainsi que de deux autres employés de la société au Mali. C’est la deuxième fois en moins de trois mois que les autorités de Bamako ont recours à la détention d’employés miniers, alors qu’elles reprochent aux producteurs d’or diverses infractions financières.

En mettant aux arrêts le PDG d’une compagnie étrangère cotée en bourse, le gouvernement monte d’un cran dans la pression qu’il met depuis quelques mois aux producteurs d’or. Ces derniers sont accusés d’avoir causé un manque à gagner de 300 à 600 milliards FCFA (490 à 980 millions $) à l’État ces dernières années, selon un audit des mines d’or, achevé en 2023. Pour recouvrer les fonds, Bamako a initié des négociations avec les compagnies minières et c’est à l’occasion de ces discussions que M. Holohan a été arrêté.

« Les dirigeants se trouvaient à Bamako pour discuter avec les autorités minières et fiscales des activités générales liées aux pratiques commerciales de la société au Mali, ainsi que pour faire avancer les plaintes ouvertes qui ont été déposées contre Resolute et qui, selon la société, ne sont pas fondées », explique la compagnie australienne.

En attendant les nouveaux développements dans ces négociations, rappelons que l’arrestation de quatre employés de Barrick, il y a quelques semaines, a donné lieu dans la foulée à un communiqué de la compagnie canadienne annonçant un accord avec les autorités locales.

Si les termes de l’accord restent inconnus, le Mali a accusé en octobre Barrick de les violer, laissant entendre que cela pourrait aboutir au non-renouvellement de l’un des permis de la compagnie arrivant à expiration en 2026. Le PDG de Barrick Gold, Mark Bristow,  a assuré la semaine dernière qu’un accord définitif devrait être trouvé avec les autorités d’ici la fin de l’année.

La compagnie indique avoir proposé à l’État malien 55 % des avantages économiques liés à l’exploitation de Loulo-Gounkoto, qui est la plus grande mine d’or du Mali. Les autorités réclameraient environ 500 millions de dollars à Barrick pour des impayés liés aux dividendes et aux impôts, selon des sources locales relayées par Reuters. Le gouvernement cherche aussi à faire migrer les mines du pays sous le régime du nouveau code minier, qui prévoit une participation de 35 % pour l’État et les investisseurs locaux dans les mines, contre 20 % actuellement.

Emiliano Tossou