Sahara : l’ONU place le plan d’autonomie marocain au cœur du nouveau cadre de négociation

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Le Conseil de sécurité a voté une résolution qui renouvelle pour un an le mandat de la mission onusienne au Sahara occidental. Ce texte introduit une inflexion majeure dans l’approche des Nations unies pour encadrer la recherche d’une solution à un différend qui perdure depuis plusieurs décennies.

Réuni à New York vendredi 31 octobre, le Conseil de sécurité a prolongé jusqu’au 31 octobre 2026 le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). L’organe onusien a inscrit explicitement le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 comme base de reprise des négociations.

Dans le détail, le texte adopté mentionne qu’une « autonomie authentique pour le Sahara occidental, sous la souveraineté du Maroc, pourrait constituer la solution la plus faisable » pour parvenir à une issue politique « juste, durable et mutuellement acceptable » fondée sur le compromis.

La résolution soutient les efforts du Secrétaire général et de son envoyé personnel, Staffan de Mistura, pour relancer le dialogue entre le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie. Elle appelle ces différents acteurs à reprendre les discussions sans préconditions, en prenant pour référence la proposition marocaine, et à soumettre des idées susceptibles de favoriser un accord politique.

Le texte adopté réaffirme la nécessité de respecter le cessez-le-feu et de s’abstenir de tout acte pouvant compromettre le processus politique. La question humanitaire figure aussi dans le texte, qui fait part de la préoccupation du Conseil face à l’insuffisance des financements destinés aux réfugiés sahraouis. Les États membres et les bailleurs sont encouragés à accroître leur aide, tandis que la demande d’un enregistrement régulier des réfugiés est réitérée.

Le vote intervient après plusieurs jours de discussions diplomatiques intenses, au cours desquelles les États-Unis, la France et le Royaume-Uni ont soutenu la référence explicite au plan d’autonomie marocain. Selon plusieurs sources concordantes, l’Algérie, membre non permanent du Conseil, s’était opposée à cette référence, tandis que le Front Polisario refusait tout cadre fondé sur cette base.

Ce développement arrive alors que le différend sur le Sahara occidental demeure l’un des plus anciens de l’agenda des Nations unies. Le conflit remonte à 1975, au moment du retrait de l’Espagne. Saisie pour avis, la Cour internationale de justice avait reconnu l’existence de liens d’allégeance entre certaines tribus sahraouies et la monarchie marocaine, tout en estimant qu’ils ne constituaient pas une preuve formelle de souveraineté. Sur cette base, le Front Polisario a proclamé la République arabe sahraouie démocratique avec le soutien de l’Algérie, tandis que le Maroc a affirmé sa souveraineté sur le territoire. En 1991, la Minurso a été créée pour superviser le cessez-le-feu entre les deux parties et organiser un scrutin d’autodétermination. Faute d’accord sur la composition du corps électoral, ce référendum n’a jamais eu lieu, et la mission assure depuis le suivi du cessez-le-feu et de la situation sur le terrain.

Ces dernières années, sous l’impulsion du roi Mohammed 6, le Maroc a progressivement bâti un large consensus international autour de son plan d’autonomie : Washington a reconnu en 2020 la pleine souveraineté du Royaume sur le Sahara ; Madrid a soutenu en 2022 le plan d’autonomie comme la solution « la plus sérieuse et réaliste »  ; Paris a suivi en 2024 ;  et Londres, en 2025, a fait de même.

À quelques jours du cinquantenaire de la Marche Verte (6 novembre 1975 – 6 novembre 2025), cette résolution constitue une indéniable victoire pour la diplomatie marocaine.

Le soir même, le roi Mohammed VI a pris la parole pour saluer « une étape charnière et un tournant décisif dans l’histoire du Maroc moderne », soulignant la «nécessité de parvenir à une solution qui préserve la dignité de toutes les parties, sans vainqueur ni vaincu. Le Maroc ne brandit pas ces changements comme un trophée et ne souhaite nullement attiser les antagonismes ou accentuer les divisions ».

Il a également adressé un message aux réfugiés de Tindouf : « Nous appelons sincèrement nos frères dans les camps de Tindouf à saisir cette opportunité historique pour retrouver les leurs et profiter de l’Initiative d’autonomie, qui leur offre la possibilité de contribuer à la gestion des affaires locales, au développement de leur patrie et à la construction de leur avenir, dans le giron du Maroc uni.»

Ecofin