Dimanche, les Guinéens sont appelés aux urnes pour un scrutin qui pourrait ouvrir la porte au maintien au pouvoir du général Doumbouya.
La Guinée, depuis son indépendance en 1958, n’en est pas à son premier bouleversement institutionnel.
Après près de quatre décennies au pouvoir du premier président guinéen, Ahmed Sékou Touré, le pays a connu deux coups d’Etat, en 1984 et en 2008, qui ont porté au pouvoir le colonel Lansana Conté, puis le capitaine Moussa Dadis Camara.
Ce n’est qu’avec l’élection, en 2010, d’Alpha Condé, que le pays retrouvera la démocratie.
Mais en 2021, un nouveau coup d’État militaire a renversé Alpha Condé, qui venait de se faire élire pour un troisième mandat, et porté le commandant Mamadi Doumbouya à la tête de l’Etat.
Depuis, la transition militaire, menée par le Comité national du rassemblement pour le développement, le CNRD, s’est engagée à « refonder l’État ». Le référendum de dimanche est censé marquer une étape clé de ce processus.
Boycott de l’opposition
Un scrutin qui suscite néanmoins beaucoup d’inquiétudes et de tensions, car l’opposition et une partie de la société civile y voient un moyen pour le chef du pouvoir militaire, le désormais général Mamadi Doumouya, de se présenter et de conserver ainsi le pouvoir.
Les trois principaux partis d’opposition, suspendus durant la durée de la campagne référendaire, appellent donc au boycott du scrutin.
Mais de l’avis d’Ibrahima Balaya Diallo, président du Forum civil guinéen, il ne devrait pas y avoir de violence le jour du scrutin.
L’enjeu de la participation
Dans le projet de Constitution, le gouvernement met en avant de grands principes, comme la volonté de renforcer les droits fondamentaux, d’instaurer plus de transparence dans la gestion publique et de consolider l’indépendance de la justice.
Mais le principal enjeu de ce référendum reste la participation. L’appel au boycott, depuis son lieu d’exil, de l’opposant Cellou Dalein Diallo, président de lUFDG, sera-t-il suivi ?
« Le président du parti de Cellou Dalein Diallo, donc l’UFDG, a appelé au boycott, ce qui va possiblement impacter la participation politique, » explique Kabinet Fofana est un analyste politique guinéen. « Est-ce que cela sera entendu ? C’est encore un enjeu majeur pour les acteurs du Oui qui sont mobilisés dans les fiefs de l’UFDG. On verra ce qui peut prévaloir, entre cet appel à voter pour et le dernier appel du président Cellou Dalen Diallo. »
Mais en raison de la crainte d’une dérive autoritaire, déjà présente en Guinée, ce scrutin est loin de faire l’unanimité
. Dimanche, les Guinéens ne voteront pas seulement pour une nouvelle Constitution. Ils se prononceront, d’une certaine manière, sur la trajectoire politique future de leur pays.
Source: DW.com