Sous l’initiative de EISA une double formation des élus et cadres municipaux de la province de N’Djamena s’est tenue les 26 et 27 novembre, puis du 3 au 4 décembre 2025.
L’objectif pour l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA) était d’outiller ces membres du personnel des communes de la province de N’Djamena afin qu’ils deviennent des leviers d’innovation, de cohésion et de progrès concret. C’est-à-dire qu’il a fallu pendant les deux ateliers, apporter des réponses à ces questions : qui fait quoi ? avec quels moyens ?
Un petit retour en arrière qui nous indique que dans l’optique de réfléchir à un nouveau projet de société, et davantage pour être en conformité avec la Constitution du pays, l’Etat du Tchad avait organisé au mois de juillet dernier, du 21 au 25 plus précisément, un séminaire national sur la décentralisation.
La feuille de route plus concrète de cette rencontre nationale était de permettre une gouvernance territoriale plus efficace, plus équitable et plus inclusive. Cette vision des autorités tchadiennes est en parfaite accointance avec le programme d’action de EISA. L’institution a planifié le double atelier de renforcement des capacités sur deux thématiques fondamentalement nécessaires pour la bonne marche de la décentralisation : la « Planification participative » et la « Mobilisation des ressources ».
Quatre formateurs issus du Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation
C’est la paisible localité de Koundoul, située à quelques encablures de la ville de N’Djamena, qui a accueilli la soixantaine de participants pendant les quatre jours des travaux : 26-27 novembre et 3-4 décembre 2025. Ces ateliers entrent dans le cadre du projet ACTE (Appui aux acteurs citoyens tchadiens et aux élections) qui bénéficie du soutien financier de l’Union européenne. Pour sa concrétisation, EISA a fait appel au Ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation dont les formateurs ont été mis à profit pour la circonstance.
Au nombre de quatre, ils ont animé les différents panels. Ce sont : Kanko Tanla (directeur de l’économie et des finances locales) ; Natoy-Alla Serge (directeur d’appui au développement local) ; Idriss Hamatkreo (directeur général adjoint de la décentralisation) et Tchaclina Glaini-Kreo (directeur de la formation et de la communication).
« La décentralisation n’est plus une promesse inscrite dans les textes : elle devient une réalité qui exige des réponses, du courage, et des compétences renouvelées. Les maires, les conseillers, les cadres municipaux sont désormais en première ligne : gérer des budgets complexes, rechercher des financements, écouter les citoyens, prioriser des urgences parfois contradictoires.
C’est précisément pour cela que nous avons voulu ce double atelier, ancré dans le concret, l’opérationnel et le ‘’comment faire’’ » ; a indiqué le représentant-pays (Dr Pierre Kadi Sossou) de EISA Tchad au premier jours de l’atelier. Justifiant le choix des thématiques de la formation, il a souligné que « la planification participative et la mobilisation des ressources sont les fondements d’une gestion, transparente et inventive ».
Pendant quatre jours, le contenu de cette formation andragogique s’est déroulé en phases interactives, participatives, en travail de groupes et partage d’information entre apprenants. Il a été question de prime abord d’éclairer la lanterne des participants au sujet des expressions décentralisation (transfert de compétences et de pouvoirs de l’État central vers des entités locales comme les communes, les départements ou les régions) et déconcentration (transfert de pouvoir de décision de l’État vers ses propres agents locaux, un préfet par exemple, qui agissent toujours au nom de l’État et sous son autorité hiérarchique).
Pour la simple raison que des difficultés à démêler au sujet des attributions des autorités déconcentrées et celles des autorités décentralisées, existent et ne sont pas des moindres. Elles, ces difficultés, bloquent considérablement les avancées des bonnes intentions de part et d’autre, au détriment du bien-être des populations.
Impliquer la population communale dans les projets à concevoir
Les participants ont suivi avec assiduité les panels sur les rôles et responsabilités des collectivités autonomes ; les modalités de collaboration entre l’Etat et les collectivités autonomes au Tchad ; le cadre légal et réglementaire régissant les recettes des communes ; la typologie des ressources financières des communes ; planification et budget des communes au Tchad ; objectif de la mobilisation des ressources des communes ; les contraintes dans la mobilisation des ressources financières communales et propositions d’actions.
Comme recommandations, il a été suggéré aux participants d’impliquer la population communale dans les différents projets à réaliser au sein de la commune ; et non plus de leur imposer des projets inadéquats à leurs besoins. A EISA, une proposition de formation des conseillers communaux sur leurs rôles et responsabilités.
La remise des attestations a clos ce double atelier : les attestations de remerciement aux quatre formateurs et les attestations de participation aux différents apprenants. Kanko Tanla a exprimé sa gratitude pour la « qualité des échanges intenses qui dénotent d’une volonté des agents communaux – acteurs essentiels du développement local – d’augmenter les performances de leurs unités administratives ».
Tout compte fait, les bonnes pratiques apprises au cours de ces ateliers ne seront efficaces que par leur mise en place concrète par les acteurs communaux. Raison pour laquelle le directeur-pays de EISA a souligné dans son allocution de clôture que « si cet investissement dans la formation se prolonge par un accompagnement continu – appui méthodologique, clarification des règles, espaces de dialogue entre Etat et communes – ces ateliers pourront être vus, demain, comme l’un des lieux où la décentralisation a vraiment commencé à prendre sens pour celles et ceux qui doivent la faire vivre au quotidien ».
Serge HENGOUP














